La tension augmente de plus en plus, et les manifestants semblent déterminés à aller jusqu'au bout. Le plus inquiétant, pour le moment, est de savoir que le peuple a pu se procurer des armes, grâce au pillage et aux embuscades des civils contre les militaires. «A Al-Baïda, les gens ont des fusils et de nombreux dépôts de munitions ont été pillés. Nous avons des armes, l'armée a des armes, les forces qui veulent détruire la Libye ont des armes», a déclaré Seïf Al-Islam, le fils d'El Gueddafi. Armés et déchaînés, les manifestants ont réussi à disloquer l'unité de l'Union européenne. Il lui reste vraisemblablement, beaucoup a faire avant de prétendre à une politique étrangère et de sécurité commune (Pesc). Effectivement, les déclarations se multiplient et s'enchaînent, sans qu'aucune ne ressemble à l'autre. Une simple décision de rapatriement de leurs citoyens pose un sérieux blocage pour les pays européens. Plusieurs pays occidentaux se préparent ainsi à évacuer leurs ressortissants, de même que des entreprises comme le géant pétrolier BP. Dimanche, la Turquie avait rapatrié de Libye plus de 500 de ses ressortissants, dont certains disent avoir été la cible de violences à Benghazi. Alors que les pays européens, eux, réfléchissent à l'évacuation de leurs citoyens de Libye face au risque croissant d'accélération des évènements dans le pays, restent toutefois divisés entre partisans de la fermeté et ceux de la prudence à l'égard du Guide libyen. «Nous sommes extrêmement préoccupés, nous coordonnons l'évacuation éventuelle des citoyens de l'Union européenne de Libye, en particulier de Benghazi», a déclaré hier la ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles, entamée dimanche soir. Le ministre français des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, a cependant estimé hier que «pour l'instant, il n'y avait pas de menaces directes» nécessitant le rapatriement des 750 Français vivant en Libye. D'autres gouvernements européens, à l'instar de celui de Lisbonne, ont pris les devants en dépêchant des avions en Libye pour rapatrier leurs ressortissants. Ainsi, Lisbonne a affrété hier un avion militaire C-130 pour Tripoli, afin, indique le gouvernement portugais, de «rapatrier ses ressortissants et des citoyens d'autres pays de l'Union européenne». «Face aux difficultés pour les vols commerciaux de faire le rapatriement, le gouvernement a mis à disposition un C-130 qui sera à Tripoli dans trois ou quatre heures», a déclaré en fin de matinée hier à l'agence officielle Lusa le secrétaire d'Etat aux Communautés portugaises, Antonio Braga. «Il y a des Portugais qui ont manifesté la volonté de partir et des familles qui l'ont déjà fait par vol commercial», a précisé M.Braga, ajoutant que l'avion portugais rapatriera également des ressortissants d'autres pays de l'UE. Par ailleurs, à titre préventif, le groupe italien d'aéronautique et de défense Finmeccanica a rapatrié ses salariés expatriés présents en Libye qui étaient «moins de dix», a-t-on appris hier de source proche du groupe, a indiqué cette source.