Menace n «Maintenant, tout le peuple libyen est armé. Je m'adresse à vous et pour la dernière fois avant de recourir aux armes.» C'est ce qu'a déclaré hier soir, dans une allocution télévisée, Seïf Al-Islam, le fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi. Estimant que la Libye n'était «pas la Tunisie ni l'Egypte», Seif Al-Islam a averti : «Notre moral est au plus haut et le leader Mouammar Kadhafi, ici à Tripoli, conduit la bataille et nous le soutenons, ainsi que nos forces armées (...) Nous ne lâcheront pas la Libye et nous combattrons jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme et jusqu'à la dernière balle.» «En ce moment, des chars se déplacent dans Benghazi conduits par des civils. A Al-Baïda, les gens ont des fusils et des nombreux dépôts de munitions ont été pillés. Nous avons des armes, l'armée a des armes, les forces qui veulent détruire la Libye ont des armes», a-t-il lancé. Brandissant d'une main la carotte et de l'autre le bâton, Seif Al-Islam a estimé que «la Libye est à un carrefour. Soit nous nous entendons aujourd'hui sur des réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts mais des milliers et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye». Et alors que les affrontements gagnaient Tripoli hier soir, il affirmait que le peuple libyen devait choisir soit de construire une «nouvelle Libye», soit de plonger dans la «guerre civile». Promettant monts et merveilles au peuple, il a annoncé que le Congrès général du peuple (Parlement) se réunira bientôt pour décider d'un nouveau code pénal et de nouvelles lois donnant «des perspectives de liberté» pour la presse et la société civile, ainsi que du lancement d'un dialogue sur une Constitution. «Nous avons eu les réformes que nous voulons avec moindres pertes et moindres problèmes», a-t-il dit. «De la première à la deuxième Jamahiriya» libyenne, a-t-il dit. «Si vous voulez qu'on change le drapeau et l'hymne national, on le fera». Il a répété à plusieurs reprises le chiffre de 84 morts dans les violences qui ont débuté la semaine dernière en Libye et affirmé que les bilans donnés par «les médias étrangers» étaient «très exagérés». Seïf Al-Islam, qui conduisait le courant réformateur depuis 2007, avant d'annoncer sa retraite politique un an plus tard, a affirmé que la Libye était la cible d'un complot étranger et a reconnu que plusieurs villes du pays, dont Benghazi et Al-Baïda dans l'est du pays, étaient la proie de violents combats et que les émeutiers s'étaient emparés d'armes militaires. Selon lui, les affrontements sont provoqués par des éléments libyens et étrangers visant à détruire l'unité du pays et instaurer une république islamiste. «L'armée aura maintenant un rôle essentiel pour imposer la sécurité parce que c'est l'unité et la stabilité de la Libye» qui sont en jeu, a déclaré le fils du dirigeant libyen. Peu avant, le Premier ministre Al-Baghdadi Al-Mahmoudi a indiqué que la Libye était en «droit de prendre toutes les mesures» pour préserver l'unité du pays, lors d'une réunion avec les ambassadeurs des pays de l'Union européenne à Tripoli, selon l'agence Jana. Les bilans des uns et des autres Le bilan des manifestations qui secouent la Libye depuis quelques jours diffère d'une source à une autre. Alors que l'ONG Human Rights Watch, citant des sources hospitalières, parle d'au moins 233 morts depuis le début du mouvement de protestation, dont 60 pour la seule journée d'hier dimanche à Benghazi, selon un nouveau bilan publié aujourd'hui, lundi, l'un des fils du colonel Mouammar Kadhafi, Seïf Al-Islam, a évoqué à plusieurs reprises, hier soir, le chiffre de 84 morts dans une allocution télévisée.Selon lui, les bilans donnés par "les médias étrangers" sont "très exagérés". Mais il a reconnu que plusieurs villes du pays, dont Benghazi et Al-Baïda, dans l'est, étaient la proie de violents combats et que les émeutiers s'étaient emparés d'armes militaires.