La coupe déborde pour donner lieu parfois à des scènes de désolation qu'on ne rencontre que rarement. Les mouvements de grève initiés dans pas moins de trois secteurs n'ont pas été sans conséquence sur le quotidien des habitants de Béjaïa. Que l'on ait affaire ou non avec ses services, les désagréments n'ont pas du manqué ces derniers temps. Entre l'impossibilité d'obtenir le document et le soin recherché respectivement au niveau des communes, des tribunaux et des hôpitaux et la difficulté de vaquer à ses occupations de tous les jours dans la ville de Béjaïa, la coupe déborde pour donner lieu parfois à des scènes de désolation qu'on ne rencontre que rarement. Ce fut encore le cas, hier, avec la marche initiée par les communaux affiliés au Snapap. Ces derniers ont en effet ponctué leur mouvement de grève de trois jours par une marche qui s'est ébranlée de l'esplanade de la Maison de la culture vers le siège de la wilaya. Une occasion aux travailleurs des communes pour exprimer leur colère face «au mutisme» du département concerné. Si on comprend parfaitement «la douleur de ses travailleurs» qui se disent «sous-payés», il reste que la lassitude gagne de plus en plus les citoyens, qui paient pour ainsi dire les pots cassés sans pour autant être l'origine de quoi que ce soit. Le fonctionnement de la cour et des tribunaux de Béjaïa est sérieusement perturbé. Et pour cause! Les greffiers et les travailleurs du corps commun sont en situation de protestation. Une grève illimitée qui ne dit pas son nom. Les tentatives de remplacement des protestataires par des huissiers de justice se sont avérées inefficaces. Cela dure depuis une semaine. Les greffiers et le personnel du corps commun ont débrayé depuis 07 jours. Ils protestent contre leur marginalisation dans le secteur de la justice. Leurs revendications s'articulent autour de leur retrait de la Fonction publique, l'augmentation des salaires, la révision et la décentralisation de la gestion de leurs oeuvres sociales, la création d'un haut conseil au greffe et enfin, la dissolution de leur syndicat actuel jugé «non représentatif». Les greffiers de Béjaïa se disent «non concernés» par la réunion convoquée par le ministère de la Justice et garde des Sceaux, du moins par une partie d'entre eux. Si certains affirment qu'aucune personne n'a été déléguée pour représenter la wilaya de Béjaïa, d'autres font part de la présence d'un représentant à Alger. L'arrêt de travail des greffiers et des travailleurs du corps commun est déclaré «illimité jusqu'à satisfaction de nos revendications». La protestation se poursuivra donc avec toutes ses conséquences sur le fonctionnement de la cour et des tribunaux, du moins de ce qui reste, car quatre des cinq tribunaux que compte la wilaya de Béjaïa ont été saccagés dans le sillage des émeutes du sucre et de l'huile du mois de janvier dernier. Cette situation a perturbé pratiquement toutes les audiences. Sans les greffiers, de nombreuses audiences n'ont pas pu se tenir. Le report systématique des affaires est prononcé à chaque fois. Dans le secteur sanitaire, la situation demeure, elle aussi, paralysée. Hormis les cas urgents, les patients ne sont pas pris en charge. Les infirmiers sont en grève depuis plus d'une semaine et ne sont pas prêts à lâcher prise jusque ce que leurs revendications soient satisfaites. A Béjaïa, il faut juste espérer ne pas avoir à faire à ces trois services au risque de revenir bredouille. On se demande combien de temps va durer cette situation. Une interrogation qui sonne comme un ras-le-bol général.