Les événements en Libye n'auront pas seulement un impact sur la situation sécuritaire dans la région mais aussi sur l'économie mondiale. Secoué par des événements tragiques, le sort de la Libye est entre les mains d'un violent dictateur Mouamar El Gueddafi, qui prétend ne pas être président mais leader d'une révolution. Celui-là même qui a nourri avec les pétrodollars les factions antigouvernementales et des mercenaires au Niger, au Mali et au Tchad, pour ne citer que ces pays. El Gueddafi a tout simplement alimenté une guerre perpétuelle dans la région du Sahel. L'impact sécuritaire de ce qui se passe dans la région déterminera la nouvelle géostratégie au niveau du Sahel. Pour les observateurs, il y aura une nouvelle donne sécuritaire. Cette dernière aura sans doute une influence directe sur la présence du Gspc, branche présumée d'Al Qaîda au Maghreb au Sahel. La nébuleuse qui a tissé des liens de complicité avec les milices pro-Gueddafi, aussi bien au Niger qu'au Tchad, ne pourra plus compter sur l'assistance financière et protectrice d'El Gueddafi. Cela, dans la mesure où le régime installé par celui-ci est appelé à disparaître. La réaction timide de l'Occident jusqu'à ce jour s'explique par le fait de la surprise et de l'enjeu libyen en Afrique. Et le pire à craindre c'est une nouvelle invasion dans la région. La France et les USA auront trouvé l'argument inespéré non seulement pour des interventions militaires mais pour s'y installer durablement. Surtout que maintenant le prétexte est tout trouvé: la lutte antiterroriste. C'est à cette situation que fait face la région du Sahel. D'une part, la disparition des réseaux terroristes soutenus indirectement par El Gueddafi et de l'autre, une situation de chaos. Cette dernière serait la conséquence d'une guerre civile dont l'impact direct serait l'arrivée des GI's américains et des forces spéciales françaises. Selon des sources sécuritaires, la suite donnera raison à une explosion au Mali du fait que le président malien a toujours constitué un support pour le régime libyen et sera obligé de revenir aux Accords d'Alger. Car le Mouvement pour la démocratie malien exigera son départ. Les événements en Libye n'auront pas seulement un impact sur la situation sécuritaire dans la région mais aussi sur l'économie mondiale. Plus que les révoltes tunisienne et égyptienne, l'insurrection libyenne a pris de court l'ensemble des chancelleries occidentales qui n'ont rien vu venir. Croyant qu'elles ont enfin réussi à faire revenir le colonel à de «meilleurs sentiments», particulièrement après le dénouement quelque peu problématique de l'affaire Lockerbie, les puissances occidentales et à leur tête la Grande-Bretagne, ont été pris au piège de leurs calculs erronés. Pour Washington, Londres, Paris et Rome, la Libye du colonel devenue curieusement fréquentable, représentait une solution providentielle à tous leurs soucis de croissance économique avec des gisements de pétrole libyens à quelque 15 000 milliards de dollars! Entre El Gueddafi et les capitales occidentales, il y a eu un deal qui pèse des centaines de milliards. Il n'est donc pas question de venir fouiner dans ses affaires «intérieures». Vivement critiquée pour l'avoir reçu à l'Elysée en 2007, la France s'est exprimée sur la crise hier. Lors d'un Conseil des ministres, le président de la République française a dénoncé une «une répression brutale et sanglante» et estimé que la communauté internationale ne pouvait «rester spectatrice face à ces violations massives des droits de l'homme». En cinq jours, la répression sanglante déployée par le clan El Gueddafi aurait fait plus de 1000 morts selon des témoignages d'ONG. Que faut-il donc de plus aux Occidentaux pour qu'ils relèguent leurs intérêts économiques au second plan? Le président français qui souhaite aujourd'hui que l'UE suspende ses relations économiques et commerciales avec la Libye jusqu'à nouvel ordre, ne peut duper personne. Acculé par ses adversaires socialistes à l'orée d'élections présidentielles qui s'annoncent houleuses, il a été obligé de servir cette déclaration pour des motivations purement électoralistes. Tout le monde sait aujourd'hui que l'embargo aérien décrété contre la Libye pendant des années avait pour but d'amener El Gueddafi à faire preuve davantage de «générosité». Pour le reste, c'est-à-dire la question des droits de l'homme, l'hypocrisie occidentale va s'en charger puisque sa spécialité c'est la diversion. C'est dans ce contexte que le chef absolu a décidé de mener une terrible extermination contre son propre peuple, utilisant des méthodes criminelles abjectes et inqualifiables. Miracle: la formidable résistance des Libyens a dévoilé le vrai visage du guide qui s'est avéré un simple pion gérant un poste avancé au profit de la nouvelle conception américaine du continent africain. Quand il tombera, toute la vérité sur son rôle dans la déstabilisation du Tchad, du Niger et du Soudan sera dévoilée aux yeux du monde. Le guide n'aura été qu'un vulgaire exécutant d'une stratégie imaginée et conçue au Pentagone. En vérité, son antiaméricanisme affiché et ostentatoire a certes dérouté de nombreux observateurs, mais la révolte du peuple libyen est venue à point nommé, au moment où personne ne l'attendait, sauf comme par hasard les Israéliens, dévoiler au monde le véritable profil d'un homme sans envergure.