L'Unea, l'Ugel, l'Ugea n'inspirent pas confiance, paraît-il, aux étudiants grévistes, qui refusent et rejettent l'implication desdites organisations dans leur mouvement. Quatre blessés ont été enregistrés, hier, à l'université de Bouzaréah au cours d'un affrontement opposant des étudiants grévistes à des représentants des organisations estudiantines. Scindés en deux parties antagonistes, étudiants et membres d'organisations se disputent le terrain et chacun revendique la légitimité de représenter la masse estudiantine, en grève ouverte depuis 5 jours. Sur les lieux, les étudiants, à l'origine de ce mouvement de protestation, soulignent qu'ils n'ont pas confiance en les organisations estudiantines. Ces dernières, regrettent bon nombre d'étudiants, entretiennent des rapports douteux avec l'administration. «Toutes les organisations, sans exception, ne sortent de leur hibernation qu'à des moments bien précis. Elles jouent les pompiers de l'administration pour bénéficier de privilèges et d'intérêts personnels», a révélé Youssef, étudiant en littérature française. Et de poursuivre: «Toutes les organisations s'enrichissent et négocient des postes du travail et imposent des membres de leurs cercles dans l'administration où leurs relations sont bien introduites». «Tous les anciens membres des différentes organisations se sont offert des postes de travail et des places politiques pour service rendu», a relevé pour sa part B. Samia, étudiante en psychologie (post-graduation). Et d'ajouter: «Tous les étudiants sont au courant de cette triste réalité d'où s'explique les faux problèmes opposant les étudiants aux organisations au cours des évènements que connaît l'Université». A ce sujet, la déclaration de la Coordination des étudiants des grandes écoles et universités, faite la semaine dernière lors du sit-in observé devant leur tutelle, portant sur leur refus catégorique d'être représentés par une quelconque organisation, renseigne parfaitement sur les rapports défectueux entre l'étudiant et la structure universitaire. La présence des représentants des différentes organisations, en l'occurrence l'Unea, l'Ugel, l'Ugea n'inspirent plus confiance, paraît-il, aux étudiants grévistes, qui refusent et rejettent l'implication desdites organisations dans leurs rangs. Raison pour la quelle ils se sont constitués en collectif autonome, qui entend prendre en charge ses propres revendications et négocier leur traitement auprès de leurs responsables. «Toutes les organisations estudiantines sont à la solde des partis politiques. Elles ne représentent plus les intérêts des étudiants», nous a révélé S. Rabah, l'un des membres du collectif, avant de préciser que ces organisations sont spécialisées dans la récupération des mouvements universitaires pour des intérêts, plus ou moins inavoués. Elles font de la détresse des étudiants, a-t-il relevé, un fonds de commerce. Elles s'en servent pour négocier leurs propres intérêts d'une part, et ceux de leur tendance politique, de d'autre part. A l'université de Bouzaréah, comptant quelque 30.000 étudiants, il convient de dire que le mouvement de grève initié, depuis mercredi dernier, par les étudiants, risque de s'inscrire dans la durée et d'enregistrer de graves dérapages. Car, après l'échec des pourparler engagés, samedi dernier, entre le recteur et les étudiants ayant boycotté les examens, et ce, jusqu'à ce que le premier responsable de secteur puisse matérialiser leurs revendications sur terrain, ce mouvement tend à connaître d'autres doléances que celles escomptées, à savoir le renforcement de la sécurité dans le campus, l'ouverture du concours de magistère pour toutes les spécialités et la facilitation de l'accès au master. Enfin, il convient de souligner que l'état des lieux à l'Université augure, au regard des évènements, d'un avenir incertain pour l'image de l'Université algérienne.