En se classant parmi le courant «républicain», l'Ugea constitue-t-elle le barrage officiel à l'Ugel et à l'Unea? «L'université est menacée par les organisations estudiantines à vocation politique et, pour ce faire, il est plus que nécessaire de réviser la cartographie de ces associations». C'est l'avis de M.Sofiane Khaldi, SG de l'Union générale des étudiants algériens (Ugea), qui a affirmé que les violences que connaissent les établissements universitaires ont des motivations purement politiques. La présidentielle de 2004 vient en tête des préoccupations de «ses gens qui n'ont aucune relation avec le milieu universitaire», ajoute notre interlocuteur, précisant, en des termes à peine voilés, que les organisations mises en cause sont manipulées par le courant islamiste. Est- ce à dire que la précampagne pour la présidentielle a déjà commencé à l'université? Tout porte à le croire. Le SG de l'Ugea a mis en garde contre un retour aux troubles ayant caractérisé les universités au début des années 90. Allusion faite à l'infiltration des discours religieux à tendance extrémiste dont l'Ugea se démarque. En se classant parmi le courant «républicain», cette organisation est-elle le barrage officiel à l'Ugel et l'Unea? La réponse est affirmative si nous prenons en compte trois données essentielles. Premièrement, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a laissé entendre, après les actes de violence enregistrés au sein de quelques établissements universitaires, qu'il ne sera pas dans le futur permis l'utilisation des associations estudiantines à des fins politiques. Deuxième indice, l'Ugea, cette organisation créée en 1993, et gelée après les conflits internes qui ont divisé ses rangs, a décidé de refaire surface au coeur des confusions régnant dans le secteur, qui semble échapper petit à petit à la tutelle. Enfin, cette organisation opte pour un discours tout a fait différent de celui prôné par l'Ugel. «La grève qui pénalise les étudiants est loin d'être une solution» pour l'Ugea, qui pense aussi que «l'université se porte bien», ou encore que «l'organisation travaille dans le sens de la consolidation des institutions de l'Etat». Une déclaration qui sonne comme un soutien aux discours officiels. M.Sofiane Khaldi dément en déclarant: «Nous sommes une organisation apolitique.» Dans un autre chapitre, M.Nadjem, représentant du département de M.Harraoubia, interrogé par nos soins, a dégagé la responsabilité des organisations estudiantines dans le phénomène de la violence. «Ces actes étaient des gestes isolés dépourvus de toute arrière-pensée politique», précise-t-il. Et pourtant, c'est animé par ce même discours que des étudiants affiliés à une organisation estudiantine ont empêché l'organisation d'un gala à la cité universitaire (Bouraoui) sise à El-Harrach, pour ne citer que deux exemples. De par cette position, le ministère de l'Enseignement supérieur compte-t-il se démarquer quant aux exactions au sein de ces établissements? M.Nadjem nous a déclaré que la responsabilité en incombe en premier lieu au ministère de l'Intérieur.