Il a été nommé pour s'occuper de la Cinémathèque d'Alger. Chabbi Soufiane est un jeune algérien dynamique qui prend son rôle très au sérieux. Il évoque avec nous son métier dans ce centre du 7e art et les programmes à venir, tracés par cette institution. L'Expression: Tout d'abord pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs? Chabbi Soufiane: Avant tout, je suis un jeune Algérien. La tutelle (ministère de la Culture, Ndlr) m'a confié le poste de responsable de la Cinémathèque d'Alger. Je suis titulaire d'un diplôme d'études supérieures en arts dramatiques (Desad) option critique de théâtre, obtenu de l'Institut supérieur des métiers des arts, du spectacle et de l'audiovisuel Ismas de Bordj El Kiffan (Alger), et d'un diplôme de post-graduation spécialisé (PGS) dans les métiers de la culture, option gestion de lieux artistiques et culturels, obtenu à l'université d'Alger (Bouzaréah) après une année d'étude et un stage pratique en France à la Cinémathèque euro-régionale, Institut Jean-Vigo de Perpignan. En 2006, j'ai débuté comme animateur d'atelier de théâtre à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. En 2007, j'ai participé au 3e Festival national du théâtre universitaire comme membre du jury. La cinémathèque d'Alger vient donc de rouvrir ses portes, peut-on connaître les grandes lignes tracées dans le cadre de la programmation cette année? La tutelle m'a confié le poste de responsable de la cinémathèque d'Alger depuis sa réouverture et je suis conscient de cette responsabilité. Notre premier objectif est centré sur la sauvegarde de toutes les valeurs et de toutes les traditions de ce monument, parce que la Cinémathèque algérienne a marqué par son éclat toute une période de l'histoire du cinéma, depuis sa création, en accueillant les grandes figures du cinéma algérien et mondial. La cinémathèque d'Alger n'est pas à caractère commercial, c'est un établissement à caractère culturel, pédagogique et artistique. Notre programmation se fait dans le but d'instaurer une culture cinématographique, d'enseigner l'histoire du cinéma universel, de faire connaître les cultures les plus lointaines, de montrer les différentes civilisations et traditions des autres peuples, de témoigner sur une période d'histoire, d'éduquer le public, de transmettre des idées et des connaissances...etc. Pour moi, la cinémathèque algérienne représente une réelle école qui offre la possibilité de former le public et les artistes dans les différents domaines liés à la culture. Et cette faculté d'enseigner la culture se traduit à partir de l'ensemble des programmes diffusés et des rencontres organisées. Concernant les grandes lignes tracées dans le cadre de la programmation pour cette année, on est actuellement en plein cycle consacré au cinéma national, c'est-à-dire au cinéma algérien, qui a débuté le 15 janvier 2011 et qui se prolongera jusqu'au mois de mars. Le début de ce cycle du Cinéma national est marqué par un cycle particulier en hommage au réalisateur Ahmed Rachedi avec la diffusion de sa dernière production «Benboulaïd» et en sa présence. Et pour rester dans les traditions de la Cinémathèque algérienne, on a inscrit dans notre agenda pour les prochains mois, des cycles de films consacrés à plusieurs pays, des hommages, des avant- premières de films, et des séances-débats en présence des réalisateurs. Hormis les projections, on croit savoir que des ateliers seront organisés prochainement dans cette infrastructure. Peut-on en savoir plus? Notre établissement est composé de deux salles. La grande salle comprend 241 sièges, elle est réservée aux projections quotidiennes et à l'ensemble des avants-premières de films et séances-débats. La petite salle qui possède 40 sièges, est réservée pour les ciné-clubs, les projections pour la presse, les conférences de presse. Et depuis la réouverture, on a commencé à accueillir des classes de lycéens encadrés par leurs enseignants pour des séances de projection à 10h avec analyse, discussion et débat sur le film, entre les enseignants et les lycéens. Nous avons également commencé à accueillir des groupes d'étudiants en journalisme de l'université d'Alger, spécialisés dans l'audiovisuel, en présence de leurs enseignants pour des projections et des débats après le film. Toutes ces activités entrent dans le cadre des ateliers de la cinémathèque d'Alger. Et dans les prochains mois, il y aura des séances de ciné-club au niveau de notre établissement puisque, parmi les missions de la cinémathèque d'Alger figure l'accueil des cinés-clubs et l'initiation à participer pour enrichir nos activités. Vous avez été installé comme responsable de la cinémathèque d'Alger conformément à la politique de gestion du ministère de la Culture consistant à confier les salles à des jeunes. Comment évaluez-vous justement le niveau d'implication de la jeunesse dans le secteur du 7e art? Concernant l'implication des jeunes dans le 7e art, il faut dire que ces dernières années, le cinéma algérien a été marqué par l'arrivée d'une nouvelle vague de jeunes cinéastes conscients de l'importance des enjeux de la production cinématographique. Et avec leur superbe production en courts métrages ou en longs métrages, le cinéma algérien montre, une nouvelle fois, ses véritables horizons, et démontre avec assiduité ses réelles capacités intellectuelles et ses variétés techniques en abordant avec intelligence les différents sujets de notre société. La nouvelle politique du ministère de la Culture consistant à confier les salles de cinéma à des jeunes est une excellente chose, parce que aujourd'hui on a des jeunes formés dans les différentes filières artistiques et culturels et dans les domaines de la gestion des lieux artistiques et culturels. Tous ces jeunes possèdent de nouvelles idées et de nouvelles conceptions et visions concernant la gestion des salles de cinéma surtout avec l'évolution de la pensée humaine, de la science et de la technologie. En outre, il ne faut pas oublier que la gestion culturelle et artistique d'une cinémathèque ou d'une salle de cinéma est une pratique de mémoire pour chaque spécialiste du cinéma.