Ces manifestations ne peuvent pas être circonscrites au seul schéma classique de la contestation, connu depuis des années. La rue gronde de plus en plus. Des contestations sociales sont signalées chaque jour, un peu partout à travers le pays. Elles sont dues à la mal-vie et au malaise social qui touche des pans entiers de la population. Pour protester contre l'habitat précaire, le chômage et la mal-vie, les habitants de Bousmaïl, à l'ouest de la capitale, ont investi les rues pour faire entendre leurs revendications. Le siège de l'APC de cette localité relevant de la wilaya de Tipaza, a été saccagé avant-hier, tandis que la route était bloquée par les manifestants. En fin de mois écoulé, des centaines de jeunes ont bloqué la route principale reliant Bousmaïl à Koléa pour protester contre les promesses sans suite du président d'APC. Lors du mois de janvier dernier, de violentes émeutes ont éclaté dans la région faisant un mort et plusieurs blessés. Avant-hier, à Diar Echems, dans la commune d'El Madania à Alger, un autre foyer sous tension, est apparu. Les habitants ont bloqué la route empêchant ainsi toute circulation pour protester contre un éventuel report à juin de leur relogement prévu initialement pour le mois de mars. Au cours de l'année 2010, de violentes émeutes ont éclaté dans cette cité occasionnant près d'une centaine de blessés. En fait, des mouvements de contestation se poursuivent presque partout dans les villes et les régions rurales. Du coup, tout le monde veut faire prévaloir ses droits: chômeurs, habitants de logements précaires, ingénieurs, étudiants, médecins, gardes communaux, militaires, sages-femmes, infirmiers, etc. Alors que les étudiants-ingenieurs, regroupés dans une coordination de huit Ecoles nationales menacent d'une grève de la faim et d'un sit-in devant le siège de la Présidence, des milliers d'autres ont battu le pavé à Tizi Ouzou et Béjaïa. La commune la plus peuplée de la wilaya de Annaba, El-Bouni, a été, en fin de mois écoulé, le théâtre de violentes manifestations qui ont vu des centaines de jeunes chômeurs s'attaquer aux édifices publics et au mobilier urbain pour exiger des postes d'emploi. Le siège de l'APC et le mobilier s'y trouvant à l'intérieur, ont été complètement saccagés. A Mascara, de nombreux jeunes chômeurs de la région de Sig et Oggaz ont protesté dimanche dernier devant la cimenterie d'Oggaz. Ils sont montés au créneau pour revendiquer du travail. Auparavant, ils se sont rassemblés devant la daïra de Sig. Des promesses auraient été faites aux protestataires concernant le règlement de leur problème, mais en vain et la RN4 traversant cette localité a été fermée. Durant la semaine précédente, le même scénario s'est déroulé devant la cimenterie de Zahana où des jeunes, avaient déclaré que non seulement ils étaient victimes de la pollution, mais n'avaient pas droit au travail. Dans la wilaya d'El Bayadh, où le chômage concerne 21% de la population et on compte plus de 8000 familles démunies, un rassemblement de près de 400 chômeurs a été violemment réprimé. A cela s'ajoutent des immolations et tentatives d'immolation et d'automutilation devant les sièges de mairies et des wilaya. Des observateurs de la scène politique nationale estiment que vu le rythme et la vigueur de ces manifestations, elles ne peuvent pas être circonscrites dans le seul schéma classique de la contestation qu'on a connu des années auparavant.