Le marasme social sort du cadre local pour prendre une dimension nationale. Le malaise social s'accentue. La colère gagne progressivement toutes les régions du pays. Après Boudouaou, Béjaïa, la mèche s'étend à El Affia à Alger. La rue est devenue le seul moyen de protestation pour les citoyens. Qu'il s'agisse d'un problème de logement, de chômage ou d'insécurité, le mode de protestation est le même. Le marasme social sort du cadre local pour prendre une dimension nationale. Ça bouillonne sur tous les fronts. La protesta ne concerne pas uniquement des secteurs d'activité. La révolte gagne en intensité et touche des localités entières. Les événements signalés ces derniers jours le confirment davantage. A Fréha, la population a observé lundi une grande marche pour dénoncer l'insécurité qui règne dans la région. Elle refuse de s'y soumettre et dit non au phénomène du kidnapping. «Halte à la terreur», «Où est l'Etat?», «Non à l'impunité», «Non au règne de l'insécurité», «Non aux kidnappings», indiquaient les affiches. Le même jour, à Bejaia, dans la localité de Laâlam, les habitants ont fermé, pour la seconde fois consécutive, la RN9 reliant Béjaïa aux deux wilayas limitrophes, Jijel et Sétif. La raison: les habitants demandent l'achèvement d'une route qui devrait relier leur localité à la ville de Souk El Tenine via un chemin dit de «Bouhaloumene». Ce projet lancé en 2006 est aujourd'hui à l'arrêt à cause de l'absence de financement. A Boumerdès, les habitants de Boudouaou menacent de reprendre la protesta qui avait dégénéré en émeute récemment encore, et de prendre aujourd'hui en otage la RN5. A la veille de la fête de l'Aïd, la principale et seule route qui dessert la capitale de l'Est était prise en otage. Les automobilistes qui fréquentent cette route ont vécu le calvaire pendant plusieurs jours. Le même scénario a été reproduit jeudi dernier sur les mêmes lieux. Pourquoi avoir choisi la route? La réponse ne mérite pas un beaucoup de réflexion. Bien au contraire, la realité sur le terrain l'illustre parfaitement. L'absence de communication et de prise en charge des doléances des citoyens par les autorités locales est à l'origine de ces scénarios. Livrés à eux-mêmes, les citoyens n'ont pas d'autre choix pour faire entendre leur voix. Le recours à la rue démontre encore une fois que le fossé entre les responsables et la population ne fait que s'élargir chaque jour un peu plus. Comme il confirme l'indifférence totale des responsables locaux, voire leur impuissance. Que font les responsables locaux? Cette question taraude plus d'un. Alors qu'ils sont censés être au service des citoyens, les représentants de l'Etat se font très rares sur le terrain. Le mouvement opéré dans le corps des walis n'a pas eu d'effet. Pourtant, le message de Ould Kablia était très clair. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a sommé, lors de l'installation des nouveaux walis, de rompre avec les anciennes méthodes. M.Ould Kablia a invité ses cadres à se rapprocher des citoyens en améliorant les prestations de service. Il faut reconnaître que même les parlementaires ont du mal à décrocher une audience auprès des walis. Le Premier ministre a dû intervenir personnellement et interpeller les commis de l'Etat. Dans une instruction qu'il a adressée, il y a une année, M.Ouyahia a demandé aux walis d'accueillir les députés et de les associer au développement des projets locaux.