Elus et fonctionnaires de Béjaïa n'ont plus qu'un mois pour faire leurs preuves. Ils sont menacés de limogeage. La réunion de travail qui a regroupé avant la fin de semaine, le chef de l'exécutif, les élus et les représentants du mouvement associatif de la commune de Béjaïa a été marquée par des déclarations et des mesures qui sortent de l'ordinaire. Limogeage, révélations fracassantes en public, le wali de Béjaïa, Hamou Ahmed Touhami, aura fait preuve d'une volonté de changer l'ordre des choses même si la méthode a été jugée «sévère» par de nombreux observateurs. Le «lynchage en règle», dont ont fait l'objet les élus et les responsables des directions de la commune, se veut aussi un avertissement à tous ceux qui continuent un peu partout dans la wilaya «à gérer mal les deniers publics et à s'éloigner des préoccupations locales». Après une visite de travail et d'inspection effectuée au chef-lieu de wilaya, le chef de l'exécutif a présidé une réunion de travail à la salle de conférences de la commune de Béjaïa. Au cours de cette réunion, il a procédé au limogeage public de deux cadres de l'APC de Béjaïa, accusés d'être à l'origine de la situation de dysfonctionnement de la municipalité. En effet, il a décidé, sans préavis, de mettre fin aux fonctions du secrétaire général de l'APC et du directeur de l'urbanisme. Si au premier, il lui est reproché son âge avancé (72 ans) et l'occupation du même poste durant 42 ans, le second est accusé de délivrer, sans respect des lois d'urbanisme, des permis de construire. Les autres responsables dont le chef de service de l'état civil et celui de la réglementation générale de la commune de Béjaïa, bref, toutes les directions ont été décriées dans leur gestion. Un délai d'un mois a été donné au maire pour élaborer un plan d'action, faute de quoi, d'autres mesures seront prises. Un délai d'un mois leur a été accordé pour se ressaisir, à défaut de subir le même sort que celui réservé publiquement aux responsables évoqués Agissant sur la base de rapports, qui cadrent parfaitement avec ce qui est rapporté ici et là, le wali de Béjaïa a mis en exergue l'implication dans des affaires douteuses, la passivité et la mauvaise gestion, dont se sont rendus coupables certains élus et cadres communaux. La délivrance des permis de construire par les services de l'urbanisme de l'APC de Béjaïa, les consommations téléphoniques et énergétiques jugées «exorbitantes», la situation du cadre de vie et bien d'autres manquements ont été passés au peigne fin par le wali qui donnait alors l'impression d'être parfaitement au courant de ce qui se trame dans les milieux des affaires locales. Le secteur de l'urbanisme a été ébranlé par une histoire de permis de construire délivrés avec «complaisance». Il ira jusqu'à brandir publiquement des preuves mettant en cause des élus qui ont bénéficié d'avantages en matière de logements et locaux commerciaux. La première victime tombera sur-le-champ. Le directeur de l'urbanisme de la commune paiera de son poste ces errements que la rumeur colportait déjà depuis plusieurs jours. Il en sera de même pour d'autres secteurs tous aussi remués les uns que les autres. Aucune direction communale n'a été épargnée par la critique du chef de l'exécutif. Il accusera le maire de manque de rigueur dans la gestion des affaires communales. Il lui ordonnera de rétablir l'ordre dans un délai d'un mois faute de quoi «je prendrai mes responsabilités», a-t-il dit. En attendant l'assainissement de la situation dans la gestion des affaires locales, tous les projets sont suspendus jusqu'aux conclusions des enquêtes engagées dans ce sens. Pour le cas des coopératives et promotions immobilières suspectées, le wali a évoqué la solution extrême, en d'autres termes leur démolition. Les poursuites judiciaires ne sont pas à écarter. Réagissant aux accusations du wali, le vice-président de la commune de Béjaïa, M.Loucif Benzaïd, s'est montré catégorique en retorquant: «Je n'ai jamais postulé pour un quelconque logement, encore moins pour un local commercial au niveau de la promotion immobilière de Genisider». Conséquemment, «j'ai saisi la justice contre l'entreprise expéditrice du courrier m'invitant à honorer la première tranche du paiement du logement que je n'ai pas demandé.» Il s'agit, ajoute-t-il, de «mettre au clair» ce qu'il appelle «une grossière manipulation». «Le document qui m'a été destiné et sur lequel le wali s'est appuyé pour m'accuser, est un faux», a-t-il insisté. «Quand bien même je suis bénéficiaire de cette promotion immobilière, le bon sens voudrait que toute correspondance y référant me parvienne à mon adresse privée or dans ce cas précis, la correspondance m'a été envoyée au siège communal et en ma qualité d'élu», a-t-il précisé avant de conclure qu'«une conférence de presse sera convoquée incessamment pour davantage de détails sur cette affaire et d'autres accusations, dont nous avons fait l'objet».