Curieusement, le spectre d'une pénurie planne de nouveau sur l'un des produits les plus sensibles. Dix jours de grève sont quand même suffisants pour provoquer une pénurie plutôt importante dans la production et la distribution du lait en sachet. Cela se passe dans la laiterie à Béni Tamou (Blida) où les employés sont en grève depuis 10 jours, soit le 23 février dernier. Toute la région de Blida est affectée par cette grève qui a fortement perturbé la production à la laiterie de Béni Tamou et provoqué en même temps, une grave pénurie du lait en sachet. Il a été constaté que les quantités de lait en sachet fournies par la laiterie étatique de Birkhadem et par quelques autres laiteries privées peinent à satisfaire la demande des consommateurs de Blida et de ses environs. Mêmes constatations à la laiterie de Drâa Ben Khedda (Tizi Ouzou) où l'importante laiterie de ce lieu risque tout simplement de fermer ses portes. Les consommateurs blidéens et tous ceux de la région se rabattent, pour les uns sur le lait en poudre, ou pour les autres sur le lait conditionné. Il faut dire que ce dernier non subventionné par l'Etat cause des frais supplémentaires au citoyen lambda. Il faut signaler aussi que pour l'heure, il est quasiment impossible, pour les autres laiteries encore en fonction, de couvrir les besoins des consommateurs de la capitale de la Mitidja. Les syndicalistes de la laiterie de Béni Tamou, qui ont appelé à cette grève, exigent la réintégration de tous les travailleurs licenciés ou suspendus «abusivement» au nombre de quinze, depuis plusieurs mois, la généralisation de l'application de la convention collective en vigueur à l'ensemble des travailleurs et le respect des conventions de branches signées avec le patronat et la Centrale syndicale - Ugta. Cette convention, faut-il le rappeler, énonce l'augmentation des salaires entre 10 et 20%, avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2010, la généralisation des contrats à durée indéterminée (CDI). Un autre point, et de taille, qui doit être purement et simplement «annulé», est celui d'un contrat où il est stipulé que les travailleurs de la laiterie peuvent être «renvoyés» cinq ans après la date de la privatisation de la laiterie, laquelle est intervenue en 2007. Date butoir donc 2012. Les représentants des travailleurs de la laiterie de Béni Tamou s'inquiètent fortement sur «le sort qui sera réservé à ces employés lors de cette date fatidique». A Draâ Ben Khedda, cet aliment vital se fait désirer depuis quelques jours. Certaines wilayas limitrophes en pâtissent car non ravitaillées depuis une bonne semaine. Est-ce à dire que la crise du lait en sachet qui avait secoué nombre de wilayas du centre-nord du pays soit à jamais écartée? Certes non, du moment que le spectre de la pénurie refait surface sans crier gare. Les stocks de poudre de lait ne sont pas épuisés ou en voie de l'être, à la grande laiterie de Draâ Ben Khedda, qui fonctionne déjà à bas régime depuis quelque temps. Elle risque de fermer ses portes, d'où la hantise d'une nouvelle pénurie de lait qui pointe son nez et effraie les mères de famille.