L'appel à la grève de l'Union nationale des barreaux algériens a été massivement suivi. Décidée en riposte et, en solidarité avec les avocats de Tizi Ouzou, molestés dans l'enceinte du tribunal de Tizi Ouzou par les policiers, lors de l'arrestation des délégués des ârchs, dont Belaïd Abrika, l'action s'est doublée d'un sit-in des avocats en robe devant la cour de Tizi Ouzou. Il faut dire que les Robes noires du barreau de Tizi Ouzou et les autorités judiciaires ne sont plus sur la même longueur d'onde. Les avocats reprochant aux autorités judiciaires d'avoir «toléré» et de ne pas avoir réagi aux dépassements qui s'étaient produits dans l'enceinte du tribunal de Tizi Ouzou. Rappelons que le 13 octobre dernier, des éléments des services de sécurité ont procédé, dans l'enceinte du tribunal de Tizi Ouzou, à l'arrestation de quatre délégués des ârchs, dont Belaïd Abrika. Les avocats présents ayant tenté de s'interposer en rappelant aux policiers les formes qu'il faut respecter en pareil cas, se sont vus bousculés et même molestés. Des avocats ayant eu à constater sur leurs personnes des coups et blessures et leurs robes déchirées. Leur action de protestation: 3 jours de grève et boycott des sessions criminelles, ainsi que l'assistance judiciaire, vient d'être soutenue par l'Union nationale des barreaux algériens. Cette action, loin de trouver une issue, s'est compliquée à souhait. Le Président de la République est également saisi par cette affaire en sa qualité de premier magistrat du pays. Loin de trouver un terrain d'entente favorable au dialogue, la crise s'est accentuée quand, lundi dernier, lors de l'ouverture de l'année judiciaire, les avocats auraient été carrément écartés de la cérémonie. L'un d'eux, avocat de renom, et membre du bâtonnat de Tizi Ouzou, a même subi «un camouflet» au portail de la cour. L'agent préposé à la sécurité, lui ayant demandé d'ouvrir son cartable pour un contrôle. Aussi, réunis au niveau de leur salle à la cour (la parlotte), les avocats ont décidé de quitter les lieux. Ce débrayage a été suivi au niveau des sept tribunaux de la wilaya : Tizi Ouzou, Aïn El-Hammam, Azazga, Ouacifs, Larbaâ Nath Irathen, Tigzirt et Draâ El-Mizan. Même s'il faut noter qu'en raison des saccages observés lors des événements du printemps noir, au niveau des tribunaux de Ouacifs et d'Aïn El-Hammam les ont rendus non fonctionnels. Contacté par la presse, un avocat, Me Hanoune, déclare que «la journée d'aujourd'hui (hier, Ndlr) ne se réduit pas à la seule protestation et à la seule solidarité. Mais elle se veut aussi une action de protestation et de dénonciation des graves dépassements ayant visé la profession...». considérant que «c'est toute la profession qui est visée», Me Hanoune ajoute: «La grève nationale d'aujourd'hui est une action d'envergure, emboîtant le pas aux actions menées par le barreau de Tizi Ouzou.» C'est en somme un «message» destiné au pouvoir et à la police, afin de leur faire comprendre «la sacralité des franchises judiciaires». A noter que les avocats de Tizi Ouzou ont décidé le boycott des sessions criminelles et des assistances judiciaires «jusqu'à ce que les auteurs des dérapages soient sanctionnés et traduits devant la justice».