Les avocats du barreau de Tizi Ouzou, dont la compétence s'étend également sur les wilayas de Boumerdès et Bouira, ont déserté, depuis hier et ce, pendant trois jours, les tribunaux. Cette action de débrayage qui découle de la réunion du barreau, jeudi dernier, a été décidée pour protester contre «l'affront subi, dimanche dernier, par les avocats au sein même du tribunal de Tizi Ouzou ainsi que la violation flagrante du caractère sacré de la justice». L'on se rappelle que, dimanche, des avocats, qui voulaient s'interposer à l'arrestation de Belaïd Abrika et de trois autres délégués, ont été «malmenés, voire brutalisés, par des policiers». Ce grave précédent, qui s'est déroulé dans l'enceinte du tribunal, n'est pas passé sous silence par le puissant bâtonnat de Tizi Ouzou. Le lendemain, à savoir lundi, tous les avocats de l'Ordre du barreau de Tizi Ouzou ont observé un sit-in devant le tribunal pour dénoncer cet «inqualifiable dérapage». Loin de tenir un discours conciliant pour apaiser les esprits, le ministre de l'Intérieur, M.Yazid Zerhouni, déclarait, mardi, depuis Biskra, qu'il «est regrettable que des avocats, dont l'un a même remis sa robe à un émeutier pour le sortir, se soient compromis avec les émeutiers et n'aient pas respecté les règles éthiques et déontologiques de l'avocat». Le ministre de l'Intérieur va encore plus loin en affirmant que «toute la scène a été filmée» et qualifie les faits rapportés par la presse d'«affabulations». La contre-offensive du barreau de Tizi Ouzou ne tarde pas à venir. Le conseil de l'Ordre, réuni en session extraordinaire, jeudi, considère ces déclarations «d'allégations insidieuses et sans fondement». Et pour restituer la dignité bafouée des Robes noires, le conseil de l'Ordre décide une batterie d'actions. Ainsi outre la grève de trois jours, le dépôt de plainte auprès du doyen des juges d'instruction de Tizi Ouzou pour «entrave à l'exercice de la profession, outrage à la robe d'avocat et coups et blessures volontaires, injures et insultes», le conseil a également rendu effectif «le boycott de toutes les sessions criminelles à venir et des assistances judiciaires jusqu'à sanction des auteurs de ces dépassements et leur traduction devant la justice». Hier donc, les avocats du barreau de Tizi Ouzou ont troqué leurs robes noires contre des tenues civiles et toutes les sessions programmées pour hier ont toutes été annulées.