Non loin de la frontière algérienne, dans la région de Kasserine (300 km au sud-ouest de Tunis), la police tunisienne a saisi 200 kg d'explosifs et des munitions et y a procédé à sept arrestations. Parmi les personnes liées à ce trafic, figurent deux Algériens, en fuite actuellement au même titre qu'une autre personne, dont l'identité n'a pas encore été révélée. L'affaire qui a nécessité plusieurs mois d'enquête a été confiée au doyen des juges d'instruction de Tunisie. La bande de malfaiteurs originaire du gouvernorat de Kasserine avait réussi à obtenir des équipements pour la fabrication de munitions ainsi qu'une importante quantité d'explosifs. Elle a ensuite pris contact avec des terroristes algériens afin de s'approvisionner en douilles. Les enquêteurs ont pu ainsi saisir, outre les 200 kg d'explosifs, 2 500 balles et projectiles. Le doyen des juges d'instruction devrait inculper les suspects de «constitution de bande de malfaiteurs, détention de matières explosives et menaces à la sûreté du pays et des citoyens». Selon le Quotidien de Tunis, cette saisie d'explosifs intervient alors que Tunis et Alger viennent d'examiner leur coopération sécuritaire lors d'un entretien, fin octobre à Tunis, du ministre tunisien de l'Intérieur, Hedi M'henni avec le ministre algérien délégué aux Affaires étrangères, M.Abdelkader Messahel. Au cours de l'entretien la partie tunisienne avait souligné «la nécessité d'une vision prospective de l'action commune en matière de sécurité, de développement et de coopération» entre les deux pays. L'Algérie et la Tunisie partagent une longue frontière terrestre qui a été ces dernières années le théâtre de quelques attaques attribuées à des groupes terroristes algériens. Particulièrement le Gspc qui a réussi à s'y distinguer par de spectaculaires attentats, en remodelant ainsi légèrement la cartographie de ces derniers. Ce fut le cas lors de l'embuscade de Bir El-Ater (Tébessa) ou 11 GLD furent assassinés (15 octobre 2001). Par ailleurs, la recrudescence des attentats dans l'est algérien fut telle que l'on soupçonna Hassan Hattab, émir national du Gspc, d'y avoir installé son état-major. Rappelons que 200 terroristes du Gspc furent encerclés à Tébessa au mois d'avril 2001. La quantité de munition saisie cette fois par la police tunisienne renseigne sur la détermination des éléments subversifs tunisiens d'attenter à la vie des touristes se rendant régulièrement en Tunisie. Le dernier attentat perpétré à Djerba renseigne s'il en est sur ce danger. Mais l'action concertée des services de sécurités algériens et tunisiens de même que la vigilance des enquêteurs occidentaux présents déjà sur le sol tunisien depuis l'attentat au camion citerne de Djerba rendent tout risque d'attaque terroriste de plus en plus difficile à perpétrer. Un démenti catégorique des autorités tunisiennes est toutefois tombé tard dans la soirée à l'heure où nous mettions sous presse sans apporter la moindre précision par rapport à ces informations extrêmement préoccupantes.