La position stratégique de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc est un point de fixation du commandement d'Al-Qaîda. Le 6 novembre 2002, le Quotidien de Tunis rapporte que les services de sécurité tunisiens ont saisi 200 kg d'explosifs dans la région de Kasserine, non loin des frontières avec l'Algérie. Sept personnes liées à ce trafic ont été arrêtées, tandis que trois autres, dont deux Algériens, étaient toujours en fuite. Ce fait, pourtant d'importance, passa inaperçu, et les médias ne s'en occupèrent pas outre-mesure. Pourtant, il méritait, à la lumière du contexte sécuritaire régional global, que l'on s'y attardât sérieusement. Tout d'abord il faut considérer que les sept personnes arrêtées, toutes d'origine tunisienne, avaient aussi réussi à obtenir des équipements pour la fabrication de munitions et qu'elles étaient étroitement connectées avec un groupe d'Algériens, qui était, lui, chargé de les approvisionner en douilles. Cette affaire comporte des similitudes frappantes avec celle liée à la dizaine d'éléments de soutien au Gspc, arrêtés avant l'été, par la section de recherche de la gendarmerie de Boumerdès. Lors de l'instruction du dossier du groupe, il a été aussi retenu contre certains de ses membres leur «commerce de douilles» qu'ils collectaient, rembourraient de plomb à l'aide d'un appareil de sertissage et rendaient «opérationnelles». Il faut ensuite situer cette information dans le contexte régional et sécuritaire et lorgner du côté des frontières algériennes où le Gspc, le groupe armé le plus dangereux du moment, se déploie dans le double cadre de porter les tensions sur le sol tunisien, et d'inscrire ses actions dans la stratégie maghrébine d'Al-Qaîda, les trois pays du Maghreb méditerranéen offrant plus d'opportunités après la perte de l'Afghanistan et la pression exercée sur le Pakistan.