Quelque 6,7 millions d'électeurs ont été appelés hier aux urnes dans ce pays sahélien, important producteur d'uranium mais pourtant classé parmi les plus pauvres au monde. Les Nigériens ont voté hier pour élire un président civil, tournant ainsi la page d'une année de pouvoir militaire, et servir ainsi «d'exemple à l'Afrique», à l'heure où la Côte d'Ivoire est au bord de la guerre civile en raison d'une grave crise post-électorale. Le second tour de la présidentielle doit départager l'opposant historique Mahamadou Issoufou, 59 ans, et l'ex-Premier ministre Seïni Oumarou, 60 ans. Quelque 6,7 millions d'électeurs ont été appelés hier aux urnes dans ce pays sahélien, important producteur d'uranium mais pourtant classé parmi les plus pauvres du monde, qui doit également faire face à la menace croissante des combattants d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Ouverts à 08h00 (07h00 GMT), les bureaux de vote devaient fermer à 19h00 pour ce second tour de l'élection présidentielle destinée à installer un civil au pouvoir après le coup d'Etat militaire de février 2010. Le chef de la junte, le général Salou Djibo, a symboliquement ouvert à Niamey les opérations de vote. Il a appelé ses concitoyens à voter dans le calme et au respect des résultats du second tour. «C'est un grand jour pour moi et pour tous les Nigériens. Si nous réussissons ce scrutin si honorable, nous aurons accompli ensemble cette démocratie qui servira d'exemple à l'Afrique», a-t-il indiqué, en tenue militaire et visiblement détendu. Dans un autre bureau de vote, Issaka Labo, 48 ans, enseignant dans un lycée, partage les mêmes préoccupations: «Le vaincu doit reconnaître sa défaite, nous ne voulons pas de troubles post-électoraux comme en Côte d'Ivoire». Le pays va tourner la page du putsch qui avait renversé en février 2010 le président Mamadou Tandja, après dix ans de pouvoir et une grave crise née de sa volonté de se maintenir au-delà de son second et dernier quinquennat légal. Les deux finalistes d'hier ont des profils radicalement différents: M. Issoufou a été l'éternel adversaire du chef de l'Etat déchu et détenu depuis un an, alors que M.Oumarou est l' «héritier» autoproclamé de M.Tandja, dont il fut Premier ministre. Arrivé en tête (36%) au premier tour, M. Issoufou part favori grâce au soutien d'un autre ancien chef du gouvernement, Hama Amadou (19%). M.Oumarou (23%) bénéficie pour sa part du ralliement de l'ex-chef de l'Etat Mahamane Ousmane (8%). Mais l'heureux vainqueur devra «beaucoup travailler, le pays a souffert, il doit rendre le Niger crédible à l'extérieur et nous sortir de la misère et des crises alimentaires», indique Tankari Tiémogo, commerçant, 51 ans, en montrant son pouce trempé d'encre après avoir voté. «J'attends du président élu qu'il augmente les pensions des retraités, qu'il assure la paix dans le pays et fournisse beaucoup d'emplois aux jeunes», renchérit Moussa Assia, enseignante à la retraite de 55 ans. Pour Moussa Mahama, un artisan de 25 ans, le président élu «devra trouver des débouchés pour écouler les produits artisanaux mais il doit d'abord «cogner trop fort» sur les terroristes (d'Al Qaîda) qui ont fait fuir les touristes étrangers». Cette ancienne colonie française, indépendante depuis 1960, est en effet devenue, avec le Mali et la Mauritanie, l'un des terrains de prédilection d'Aqmi, qui y a multiplié les rapts d'Occidentaux. En janvier, deux jeunes Français avaient été enlevés en plein centre de Niamey. Les otages avaient été tués lors d'un sauvetage manqué mené par des forces françaises en territoire malien.