Le président Nicolas Sarkozy a annoncé samedi le début d'une action militaire menée par Paris contre la Libye, en accord avec Londres, Washington et des partenaires arabes qu'il venait de réunir à Paris, alors que la bataille faisait rage à Benghazi. «En accord avec nos partenaires, nos forces aériennes s'opposeront à toute agression des avions du colonel El Gueddafi contre la population de Benghazi. D'ores et déjà nos avions empêchent les attaques aériennes sur la ville», a déclaré Nicolas Sarkozy, à l'issue d'un sommet extraordinaire d'environ deux heures avec une vingtaine de dirigeants internationaux. «D'ores et déjà, d'autres avions français, sont prêts à intervenir contre des blindés qui menaceraient des civils désarmés», a-t-il ajouté. Selon des sources militaires, ce sont des avions de chasse Rafale qui survolaient la Libye. Dans un nouvel appel au colonel Mouamar El Gueddafi, le président français a dit qu'il était «encore temps» pour lui d' «éviter le pire», à condition de respecter «sans délai et sans réserve» toutes les exigences de la communauté internationale. Ce sommet intervenait 48 heures après le vote d'une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu autorisant le recours à la force pour protéger les civils de l'offensive du régime contre les rebelles. El Gueddafi «a menti à la communauté internationale, il a promis un cessez-le-feu, il a rompu le cessez-le-feu. Il continue de brutaliser son propre peuple. Il est donc temps de passer à l'action. C'est urgent», a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron à l'issue du sommet parisien auquel participaient aussi la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-Moon. Le Qatar et plusieurs pays européens, dont la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, ont confirmé lors du sommet leur volonté de participer aux opérations militaires, en fournissant des avions, ignorant les mises en garde du régime d'El Gueddafi. «Si vous intervenez dans notre pays, vous le regretterez», a dit un porte-parole libyen, citant Mouamar El Gueddafi. Le président américain Barack Obama a averti solennellement vendredi soir El Gueddafi de représailles militaires si la violence ne cessait pas immédiatement et si ses troupes ne se retiraient pas de plusieurs villes. Plusieurs questions restaient floues à l'issue du sommet, notamment celle du rôle de l'Otan et du degré de participation effective des Etats-Unis. La France refuse catégoriquement que l'Alliance atlantique intervienne dans les raids immédiats et urgents qui suivraient la tenue du sommet. Il est possible que l'organisation soit sollicitée pour des opérations prévues par la résolution de l'ONU mais qui nécessitent du temps et de gros moyens pour être mises en oeuvre. Il s'agit notamment d'une zone d'exclusion aérienne et du contrôle de l'embargo sur les armes. «Il est clair que la France assure le leadership de l'action militaire dans l'espace aérien libyen», a déclaré le Premier ministre belge Yves Leterme. Le sommet réunissait aussi les ministres des Affaires étrangères du Qatar, des Emirats arabes unis, du Maroc et de la Jordanie, selon la liste des participants. Le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari était également présent, en sa qualité de président en exercice de la Ligue arabe, ainsi que le secrétaire général de la Ligue Amr Moussa. Côté européen, outre la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, les chefs de gouvernement de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, de Pologne, du Danemark, des Pays-Bas, de Belgique, de Grèce et de Norvège figuraient parmi les participants. L'Union européenne était représentée par la chef de la diplomatie Catherine Ashton et le président du Conseil européen Herman Van Rompuy. Le secrétaire général de l'OTAN, le Danois Anders Fogh Rasmussen, ne figurait pas sur la liste des invités.