Le jury a cru bon de ne pas attribuer l'Olivier d'Or ni pour le documentaire ni pour le court métrage. En une fraction de seconde, les efforts énormes consentis par Hachemi Assad et son équipe, sans oublier la population d'Azeffoun, ont été pulvérisés par le verdict rigoureux du jury qui a décidé de ne pas attribuer d'Olivier d'or ni pour le documentaire ni pour le court métrage. Pis encore, ce sont les «recalés» de la compétition de l'Olivier d'or, c'est-à-dire ceux qui ont pris part à la compétition du Panorama amazigh du festival qui ont eu plus de prix, avec cinq distinctions contre deux seulement pour les premiers. Après cinq jours de vrai bonheur où la culture berbère a été célébrée sous plus d'une facette, le Festival du film amazigh d'Azeffoun s'est terminé en queue de poisson. Aucun pronostic n'avait pu conjecturer sur l'attitude du jury qui a fait preuve d'un manque de générosité flagrant à l'égard de jeunes réalisateurs ayant certes, des insuffisances sur le plan professionnel, mais qui ont le mérite, le grand mérite, d'avoir consenti des efforts incommensurables pour enrichir à leur manière la production audiovisuelle algérienne dans sa dimension amazighe. Des réalisateurs, qui ont utilisé leur argent personnel pour produire des films et des documentaires par amour au cinéma et à leur langue et culture maternelles méritaient vraiment un peu d'égard et de considération. En tout cas, à l'annonce de la délibération, l'ensemble des participants, y compris ceux qui ont été primés, ont exprimé leur dépit devant le «courage» des membres du jury à dissoudre tout un engouement pour des raisons absurdes sur lesquelles le président du jury n'a même pas jugé utile de s'étaler, car ayant refusé de tenir un point de presse ni d'accorder d'interviews aux journalistes malgré la demande de Assad Hachemi, commissaire du festival. Même ce dernier a eu du mal à cacher ce qu'il convient de qualifier de douleur suite à cet épilogue du plus réussi Festival du film amazigh organisé depuis 11 ans. La délibération du jury, en plus de la déception générale qu'elle a générée, discrédite du coup le comité de sélection du festival et ce, en ayant attribué plus de prix au Panorama amazigh, considéré comme une compétition de seconde zone: Cinq Prix pour cette dernière contre deux Prix pour la compétition pour l'Olivier d'or. Seule la journaliste Saliha Aouès, membre du jury de l'Olivier d'or a livré cette explication: «Si on veut maintenir le côté professionnel de ce festival, la production devrait être à la hauteur. Il faut qu'il y ait un minimum de respect à l'oeuvre cinématographique. Nous avons longuement discuté entre membres du jury avant d'arrêter cette décision.» Rappelons que la soirée de clôture s'est déroulée à partir de 18 heures, mercredi dernier, au niveau de la salle omnisports avec la présence d'environ 1200 personnes dont plusieurs célébrités comme Kamel Hamadi, Hamidou, Mohamed Hilmi, Saïd Hilmi, Ouazib Mohand Améziane, Benmohamed... La soirée a bien commencé avec un enthousiasme immense du public jusqu'à ce que Mohamed Ifticène, président du jury, révèle la décision de son équipe que tout le monde avait pris pour une plaisanterie pendant quelques secondes. Certains présents ont carrément quitté la grande salle alors que les autres sont restés juste par respect à la population de la région d'Azeffoun et au staff des organisateurs du festival qui ont vraiment sué pendant plusieurs semaines pour voir leurs efforts s'évaporer. A la place de l'Olivier d'or, le jury a décerné deux prix symboliques d'encouragement aux réalisateurs Razika Mokrani et Mbarek Menad. La première pour son documentaire sur la guerre d'Algérie Oiseau bleu, l'histoire d'une guerre et le second également pour un documentaire sur le même thème, intitulé Concerto pour deux mémoires. Mbarek Menad était absent lors de la cérémonie de clôture. Quant à Razika Mokrani, elle nous a affirmé que ce qui compte pour elle, ce n'est pas le Prix qu'elle vient d'obtenir, mais c'est la réaction du public quand il verra son film documentaire». Quant à la compétition du Panorama du film amazigh, censé être de moindre qualité, puisqu'il s'agit de produits audiovisuels n'ayant pas été retenus pour l'Olivier d'or, cinq participants y ont été primés. Le Premier Prix, d'une valeur de 15 millions de centimes est revenu au film La Clé de la vie de Younès Zidani. Un Prix spécial de la ville d'Azeffoun de la même valeur a été attribué à Mokhtar Dahmani pour son film Combien ça coûte? Un autre Prix Spécial jury a été décerné à deux films ex aequo: Décharge interdite et Les Bergers du Djurdjura des réalisateurs Tahar Yami et Farid Cherfaoui. Enfin, le documentaire Les Pêcheurs de sable de Yazid Arab a reçu une mention spéciale du jury.