Le rideau est tombé sur l'édition sétifienne du Festival du film amazigh, dimanche soir. La manifestation a été l'occasion pour la capitale des Hauts-Plateaux de retrouver le 7e art qui semblait l'avoir répudiée depuis quelques années. L'engouement d'un public frustré d'art était sans pareil, 4 jours durant et du matin au soir, les salles de la maison de la culture et du Musée régional d'archéologie ne désemplissaient pas. Cette 8e édition de la manifestation a eu son lot d'inédits, l'entrée en compétition de professionnels aguerris du cinéma, la création d'un concours de scénario et des ateliers de formation réunissant une cinquantaine de jeunes stagiaires venus de diverses régions d'Algérie, encadrés par des professionnels. Des colloques, des débats sur l'histoire et le cinéma, l'école et le cinéma, ou encore sur le dispositif pour l'aide au développement et à l'écriture des scénarios ont été une opportunité d'échange d'expériences et d'idées. Des délégations marocaines et suisses ont apporté leurs expériences dans le domaine cinématographique, « Regard sur le cinéma suisse » et « Panorama des cinémas du Maroc » seront des fenêtres ouvertes sur les deux cinémas. Jean-Luc Bideau, André Gazut, Yassine Fennane, Hichem Ayouch ont marqué par leur présence ce Festival dont le leitmotiv était « Une Algérie riche par sa diversité ». Des œuvres récentes, caractérisées par les nombreuses variantes de tamazight (kabyle, chaoui, tamachaqt, tachelhit, tarifit), ont été présentées au public. Ce qui a créé l'événement et a permis de faire sortir de sa torpeur la cité de Aïn Fouara et participer par -là même à la résurrection plus que probable des ciné-clubs. « Sétif a scellé le parcours du Festival du film amazigh », dira Assad Si El Hachemi, commissaire de la manifestation. Malgré quelques imperfections et quelques défaillances dans l'organisation et la programmation, les responsables avaient vu les choses en grand. L'exiguïté des locaux de la maison de la culture a quelque peu compliqué la tâche du staff. La soirée de clôture a commencé avec plus d'une heure de retard, après une bousculade aux portes entrebâillées de la salle. Différentes allocutions ont été faites par les responsables de la manifestation qui ont rendu hommage à tous ceux qui ont participé et qui participent encore au développement et à la promotion du 7e art en Algérie, et plus particulièrement le cinéma amazigh, comme Azzedine Meddour, Abderrahmane Bouguermouh et bien d'autres. Les courts-métrages réalisés par les stagiaires des ateliers de formation ont été projetés pour le plaisir du public. Avant de prendre congé, le président du jury, le cinéaste Belkacem Hadjadj, a prononcé un discours et a déclaré : « Le jury a été agréablement surpris par le nombre de films visionnés et de leur qualité. Les films de toutes les sections sont de bonne facture. » Le public a partagé les émotions avec les lauréats. Ainsi, l'Olivier d'or du court métrage a été attribué à Eclipse totale du jeune Yacine Mohamed Benelhadj. La mention spéciale du jury a été accordée au documentaire Dix ans déjà d'Amokrane Mohamed Mariche. L'Olivier d'or du film documentaire, lui, a récompensé l'œuvre biographique d'une dame de la chanson kabyle, Hnifa, une vie brûlée de Ramdam Iftini et Sami Allam. Concernant le prix de l'interprétation féminine, le jury a jugé utile de ne pas l'attribuer. Quant au prix de l'interprétation masculine, il a récompensé l'acteur Aït Ali Belkacem Salem pour son rôle de Bachir Aït Ali, le héros populaire du film Arezki l'indigène, de Djamel Bendedouche. Le prix spécial du jury a été attribué à la belle œuvre Mimezrane d'Ali Mouzaoui. Le grand trophée du festival, l'Olivier d'or du long métrage a récompensé le film marocain de Yassine Fennane Squelette pour ses prouesses techniques et cinématographiques de narration qui ont séduit le jury. Le jeune réalisateur a déclaré : « Je suis très content de recevoir ce prix et de voir ainsi mes efforts et la rage que j'ai mis dans la réalisation de ce film dans les villages d'Agadir récompensés. L'image qu'on a de l'Algérie à l'extérieur n'a rien à voir avec la vraie. Les Algériens ressemblent beaucoup aux Marocains, ils sont accueillants et hospitaliers. »