Une question préoccupe les observateurs: faut-il élire une Assemblée constituante pour aller vers la IIe République? Les «réformes politiques» évoquées, récemment, par le Président de la République, tiennent en haleine la classe politique. Quel sera leur contenu? Le débat est ouvert. Partis et personnalités politiques nationales se sont succédé pour émettre des propositions. Les uns optent pour une révision profonde de la Constitution, les autres demandent un nouveau texte fondamental. D'autres encore, parlent d'un conseil national de transition. Et la question centrale demeure: faut-il élire une assemblée constituante pour aller vers la IIe République? Le FLN et le RND, partis majoritaires au Parlement, se sont opposé à cette hypothèse. «Elle constitue (la Constituante) un déni de tous les acquis réalisés par l'Algérie depuis l'Indépendance», a réitéré le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, sur les ondes de la Radio nationale, il y a une semaine. Il a, en ce sens, évoqué certains points de la «révision profonde» de la Constitution proposée par le FLN. Il s'agit, selon lui, de déterminer le système de gouvernance, d'élargir les prérogatives de la représentation populaire. A cet effet, M.Belkhadem pose un impératif: définir l'exercice de toute forme de contrôle. Le FLN a déjà fixé l'agenda politique national à court terme. «La période qui nous sépare des prochaines législatives prévues en 2012 sera consacrée à la révision des lois électorale et sur les partis politiques, ainsi que du Code de l'information», a-t-il expliqué. Le FLN rejette toute idée de législatives anticipées. Les réformes sont en cours, selon Belkhadem. «Le Président consulte et écoute les différents points de vue» a-t-il souligné, précisant que «les revendications sont multiples, différentes et distinctes». Au RND, l'heure est à la mobilisation. Le parti d'Ouyahia mène une campagne pour «l'aboutissement du projet de réformes (lancé par le Président)». «Ce projet est susceptible de consacrer davantage le pluralisme médiatique, politique et parlementaire», a précisé, à ce titre, Miloud Chorfi, porte-parole du RND. Du côté de l'opposition, le changement de système est perçu différemment. Le FFS et le PT prônent l'élection d'une Constituante. Pour cela, le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, a préconisé «une mobilisation citoyenne». Pour sa part, Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du FLN, a inscrit cette mobilisation dans le cadre d'un «congrès national pour un changement radical et pacifique». Ce dernier a refusé d'appeler «au départ de Bouteflika de la présidence de la République». Il s'est référé en cela à la démission du président Chadli Bendjedid, au début des années 1990. «Chadli est parti, le régime est resté», a-t-il indiqué. L'éventualité de l'élection d'une Constituante préoccupe au plus haut point les observateurs. Ils y voient «une arme à double tranchant». D'une part, ils estiment qu'elle constitue l'instrument politique adéquat pour la réhabilitation de la légitimité populaire. De l'autre, ils y perçoivent une brèche ouverte aux islamistes afin de refaire surface sur la scène politique. Entre les perspectives qu'elle ouvre et les craintes qu'elle suscite, la Constituante est au coeur du débat politique national. C'est cette raison que les analystes évoquent pour expliquer la différence d'approche entre les partisans du changement. Le RCD, via la Coordination nationale pour le changement démocratique, substitue à la revendication d'une Constituante celle «d'un Conseil national pour la transition démocratique (Cntd)». Il appelle, ainsi, à la tenue d'une conférence nationale pour designer ce conseil dont le mandat est fixé à 12 mois. Il aurait pour mission de dissoudre les institutions actuelles, nommer un gouvernement de transition et rédiger une nouvelle constitution qui sera soumise à référendum. Les propositions de sortie de crise sont multiples. Seulement, les réponses aux attentes exprimées par les différents segments de la société appartiennent au Président.