A la faveur de l'effervescence que connaît la scène politique, la revendication d‘une Constituante refait surface. Le leader du FFS, dans un message aux Algériens, vient de renouveler cette revendication chère depuis longtemps à son parti. Louiza Hanoun a été toujours une fervente partisane de l'élection d‘une constituante qui serait «en rupture avec les pratiques du parti unique et les séquelles des années de la tragédie nationale». Aït Ahmed plaide pour une refondation institutionnelle pour bâtir une nouvelle architecture des pouvoirs. «La tâche d'une constituante élue ou désignée est de rédiger une nouvelle loi fondamentale du pays», nous explique le professeur Sadok de l'université de Tizi Ouzou. «En Tunisie par exemple, nous dit-il, l'Assemblée constituante reste l'une des plus importantes attentes du peuple tunisien après son soulèvement contre le président Ben Ali». Le 24 juillet prochain, les Tunisiens seront appelés, d'ailleurs, aux urnes pour élire une Assemblée constituante. Ce recours survient souvent après des périodes troubles comme les guerres ou les coups d'Etat. Elle est une voie toute indiquée pour relégitimer un pouvoir et rétablir la confiance en des institutions décrédibilisées. En Algérie, au lendemain même de l'indépendance, une assemblée constituante composée de 196 membres et présidée par Ferhat Abbas fut élue. Ce dernier démissionnera en août 1963 pour protester contre le projet du président d'alors M. Ben Bella, de concocter une constitution en dehors de ce cadre. La position du FFS et du PT ne semble pourtant à pas faire l'unanimité. Les partis de l'Alliance présidentielle qui forment la majorité refusent cette option. Encore tout récemment, M. Belkhadem, le SG du FLN, dit refuser cette option qui préfère à la politique de table rase, un appui même sur des institutions imparfaites. «Il préfère une révision profonde de l'actuelle constitution qui serait incontournable» pour reprendre les propos de Belkhadem. Le RND et le MSP, jaloux de la stabilité, n'ont jamais mis en avant une telle revendication. Elle ne figure pas dans l'agenda des autres formations à l'instar d'Ennahda, du MRN ou de Ahd 54 qui proposent d'autres méthodes comme la révision de la Constitution, la libéralisation politique ou médiatique pour asseoir le changement. Beaucoup de personnalités considèrent que le problème de l'Algérie ne vient pas de textes mais de leur non- application. «C'est un problème de volonté et de culture politique que nous vivons. On peut se doter de n'importe quelle Constitution. C'est un produit de l'homme, qui la rédige comme il veut. Mais cette façon d'aller de l'avant puis de reculer, puis de stationner, puis de ralentir est bien algérienne», fait remarquer, à juste titre, le professeur Mohand Issad qui avait présidé la commission nationale de réforme de la justice. L'Algérie est à la croisée des chemins. Le désir de changement semble partagé. La scène politique bruit de propositions. La démocratie est une offre politique variée qui commande la consultation du peuple. Dans des conditions de régularité et de transparence.