Le rythme de la révision constitutionnelle s'accélère. Le gouvernement met les bouchées doubles pour la concrétiser avant la fin du mois en cours. Le projet n'est donc plus un vœu pieux d'un Président – constitutionnellement – en fin de règne. Le texte est fin prêt. Il reste au gouvernement d'actionner la procédure habituelle pour le faire parvenir sur le bureau de l'Assemblée populaire nationale. Le travail sera effectué en un temps record. Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, le fait savoir, assurant que les travaux préparatoires devant permettre au projet d'atterrir devant le Parlement « ne demandent pas beaucoup de temps ». M. Ouyahia a ainsi la certitude que « tout sera réglé avant la fin du mois en cours ». Le contenu du projet, superficiellememt évoqué par le chef de l'Etat, sera « révélé » durant cette première quinzaine de novembre. L'affirmation vient aussi du chef du gouvernement. « Vous aurez l'occasion de connaître la substance du texte de projet de révision, soumis par le Président, dans un délai qui ne dépassera pas les quinze jours de ce mois », a en effet déclaré à la presse M. Ouyahia, en marge de la cérémonie commémorative du 54e anniversaire du déclenchement de guerre de Libération nationale. « Le président de la République a annoncé la décision et nous allons traverser différentes étapes, à savoir le Conseil des ministres puisqu'il s'agit d'un projet de loi, le Conseil constitutionnel qui doit émettre son avis sur cette révision et, enfin, le Parlement pour adoption », a précisé le chef du gouvernement. En tant que secrétaire général du RND, M. Ouyahia se dit « confiant » quant à l'adoption du projet par le Parlement, estimant que « ce sera l'affaire des partis politiques et non des institutions ». Le premier responsable du RND a voulu laisser entendre que la bataille n'est pas encore gagnée. « Il faudra cravacher dur pour gagner la bataille », a-t-il souligné. Mais quelle bataille ? Les partis politiques, ceux de l'opposition surtout, sont totalement exclus de ce projet. Aucun débat n'a été organisé autour de cette réforme dont on dit « partielle et limitée ». L'avis du peuple, des millions d'électeurs, ne semble pas important aux yeux du Président, car la réforme engagée n'est pas « profonde ». Les détails du projet ne sont pas encore connus. Dans son discours mercredi devant les magistrats, il a indiqué que cette révision vise à protéger « les symboles de la glorieuse révolution » à préciser et clarifier « les prérogatives et les rapports entre les constituants du pouvoir exécutif » et à permettre au peuple d'« exercer son droit légitime à choisir ses gouvernants et à leur renouveler sa confiance en toute souveraineté ». Mais de l'avis de nombreux observateurs, l'objectif principal de ce réaménagement de la loi fondamentale est de lui permettre de rester au sommet du pouvoir au-delà de 2009. Autrement dit, cette révision est engagée essentiellement pour sauter le verrou constitutionnel empêchant jusque-là Bouteflika d'accéder à son vœu le plus cher, briguer un troisième mandat. Serait-ce vraiment le cas ? Rendez-vous est pris.