Les troupes du président élu, sont soupçonnées d'avoir commis un véritable génocide, dans la journée du 29 mars, à l'encontre des habitants de Duékoué La crise politique en Côte d'Ivoire a donné lieu à de graves dérapages militaires dont les deux camps antagonistes semblent en porter la responsabilité. Ce qui s'est passé lors de la journée du 29 mars à Duékoué (ouest) a fortement marqué les esprits et fait réagir la communauté internationale, d'autant que ce sont les troupes du président élu, Alassane Ouattara, qui sont soupçonnées de ces actes barbares contre la population civile de Duékoué, ville d'environ 75 000 habitants en majorité de l'ethnie guéré. Rappelons que, dans l'Ouest ivoirien, au conflit politique s'ajoute celui entre «autochtones» guéré (réputés pro-Gbagbo) et «allogènes» étrangers ouest-africains et d'autres tribus (considérés comme pro-Ouattara). Selon l'ONG Caritas, un millier de personnes sont portées disparues ou ont été tuées en trois jours à Duékoué, essentiellement dans le quartier Carrefour. Le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) a parlé de 800 morts en un seul jour, le 29 mars. Selon l'Onuci (mission des Nations unies pour la Côte d'Ivoire), la plupart des 330 morts de Duékoué ont été tués par des combattants pro-Ouattara, les autres l'ayant été essentiellement par des miliciens et mercenaires libériens de M.Gbagbo. Le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a, à ce sujet, demandé à Alassane Ouattara, de prendre des mesures contre ceux qui ont pris part au massacre de huit cents personnes dans l'ouest du pays, a déclaré hier un porte-parole de l'ONU. Alassane Ouattara a démenti une nouvelle fois les accusations selon lesquelles ses partisans auraient participé au massacre de vendredi dans la ville de Duékoué, lors d'une conversation téléphonique avec Ban Ki-moon a rapporté ce porte-parole. Ces graves accusations sur de possibles crimes de guerre sont d'autant plus embarrassantes pour M.Ouattara qu'elles proviennent de l'Onuci, qui assure sa protection et a validé sa victoire à la présidentielle du 28 novembre. L'image internationale de M.Ouattara pourrait s'en trouver gravement affectée. Pour la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, «les forces du président Ouattara doivent se montrer à la hauteur des idéaux et de la vision exprimés par leur chef élu». Alors que les combats se poursuivent à un rythme discontinu, entre pro-Ouattara et pro-Gbagbo, la force française Licorne a pris hier, le contrôle de l'aéroport de la capitale économique, Abidjan. Paris a aussi envoyé 300 soldats en renfort, ce qui devrait permettre à court terme la reprise des vols commerciaux et le départ d'étrangers. Actuellement, 1650 étrangers, dont environ 800 Français, sont regroupés dans le camp de Licorne, cherchant à se mettre à l'abri des violences et des pillages. Sur le plan stratégique, le camp Ouattara a bien choisi son approche offensive. Les attaques éclairs que son camps a entamées, lui ont permis depuis lundi de prendre sans grande résistance tout le pays lui permettant de rentrer dans la nuit de jeudi dans la capitale économique. L'assaut final des combattants pro-Ouattara contre le Palais et la résidence présidentielles n'a cependant pas eu lieu. Des tirs sporadiques d'armes lourdes étaient entendus hier matin, notamment au Plateau, coeur du pouvoir de Laurent Gbagbo. Pourquoi ne pas avoir continué sur la lancé en attaquant la résidence de Laurent Gbagbo? C'est la question que l'on se pose à Abidjan, mais l'offensive a été retardée du fait que personne ne sait en fait où se trouve Gbagbo, qui bouge beaucoup entre sa résidence dans le quartier chic de Cocody et la présidence présidentielle. Ce qui explique l'enlisement de la bataille d'Abidjan alors que le président ivoirien sortant, résistait et mobilisait autour de lui ses partisans. Si les rapports de force restaient à l'avantage des troupes de M.Ouattara, leur marche sur Abidjan est toutefois ternie par de graves accusations de massacres de civils. Alors que les combattants pro-Ouattara semblaient s'être repliés, hier, à la périphérie d'Abidjan, des combats à l'arme lourde continuaient autour d'un camp militaire dans le quartier d'Adjamé.