Comme annoncé dans une précédente édition de L'Expression, la guerre psychologique, à coups de communiqués, a débuté entre praticiens spécialistes de santé publique et hospitalo-universitaires, les deux corporations, qui ont déjà eu pour objet de conflit le statut des établissements de santé, s'affrontent aujourd'hui à propos de l'alignement des salaires des spécialistes sur celui des hospitalo-universitaires (HU). Ainsi, la première salve vient du Syndicat national des maîtres assistants en sciences médicales (Snmasm), lequel, dans un communiqué adressé à notre rédaction, dit «soutenir totalement les revendications salariales des praticiens spécialistes de santé publique», sous réserve que la demande d'augmentation proportionnelle des salaires des professionnels de la santé se fasse sans exclusive aucune. Car, estime-t-on dans le communiqué, «l'alignement des salaires sur les HU exigé par certains, le non-respect de l'échelle des valeurs peuvent avoir un effet délétère». Car «on découragerait alors les candidats à opter pour la carrière HU». Par ailleurs, dans son ébauche, le communiqué réagit violemment aux propos du président du Smpssp ; propos qu'il juge «inadmissibles» et qualifiés de dérapage, pas forcément partagé par la majorité des spécialistes. «Un médecin digne de ce nom doit respecter ses maîtres, les professeurs qui l'ont formé, c'est le minimum de reconnaissance qu'on doit avoir pour nos maîtres, tel énoncé dans le serment d'Hippocrate (...) L'échelle des valeurs est un principe fondamental qu'il faut impérativement réhabiliter en Algérie. Le CHU est le fleuron des établissements hospitaliers d'un système de santé et les hospitalo-universitaires sont l'élite de la nation», stipule la virulente mise au point. Où va-t-on? semble dire cette dernière où il est encore mentionné: «Pour accéder au grade de professeur, il faut passer un concours sur titre et travaux, après une période moyenne de 5 ans de docent». Tout en précisant que pour devenir chef de service, il faut un concours sur titre et travaux. «Si avec tout ce parcours, dont la durée moyenne est de 15 ans, certains osent demander que le titulaire du Dems, doit shunter toutes ces étapes, et acquérir par ancienneté toutes les équivalences, alors pourquoi passer tous ces concours?» Dans ce cas, les HU devraient arrêter d'enseigner, ne pas faire de recherches et n'assurer que les petits soins aux patients. On ne progressera plus. Donc il faut obligatoirement que le salaire de base du maître assistant soit supérieur au salaire de base du praticien spécialiste quelle qu'en soit l'ancienneté. La question des établissements de santé et leur gestion paraît préoccuper au plus haut point le Smasm qui donne tous les arguments imaginables pour la préservation des pôles universitaires, même s'il se dit pour la complémentarité des praticiens hospitaliers quel que soit le corps. «Il faut mettre un terme à l'anéantissement à petit feu des pôles universitaires et garantir la pérennité des structures qui résisteront aux groupes de pression. Il ne faut pas que nos institutions s'effritent après chaque changement de décideurs. Il n'y a pas lieu de polémiquer ni d'exercer des pressions sur les décideurs. Le devenir d'un établissement (universitaire ou non universitaire) doit se faire sur des critères scientifiques. Nos décideurs doivent avoir une vision à long terme. Car un pays qui réduit les pôles universitaires est condamné à la régression puis à l'anéantissement», conclut le communiqué. Rappelons que dans un passé récent, les praticiens spécialistes de santé publique avaient jeté le tort sur un certain «lobby algérois» accusé de bloquer leurs revendications au niveau des hautes sphères de décision. A suivre.