Les hospitalo-universitaires de l'Algérois disent non à leur ministre. Selon des sources bien informées, les pouvoirs publics vont incessamment mettre fin à tous les conflits sociaux qui minent des secteurs aussi névralgiques que l'éducation, la santé et les finances. Mais dès que les esquisses de l'apaisement se précisent, de nouveaux foyers de tension naissent. Les hospitalo-universitaires de l'Algérois, disent non à leur ministre. Ce dernier, reconduit pour un deuxième mandat, saura-t-il vendre son projet de réformes? Car M.Abdelhamid Aberkane qui est l'homme d'une mission difficile, de courage et de conviction, aux yeux de ses confrères en blanc, «ferait face à un lobby qui a déjà fait parler de lui en 1973 lors de l'instauration de la médecine gratuite qui, loin d'abdiquer, tente aujourd'hui de défendre ses privilèges». Devant les réformes annoncées par le professeur Aberkane, «quelques positions confortables au sein des blouses blanches risquent d'être perturbées». Premier signe de ce malaise annoncé, la montée au créneau du syndicat des professeurs, docents et maîtres-assistants. Ce dernier trouve matière à litige le fait que les services hospitalo-universitaires n'assurant pas la fonction universitaire soient remis aux praticiens spécialistes qui, désormais, réclament les services de santé publique non pourvus en chefferie de service et d'unité. Or, le statut de 1998 établit la différence entre CHU, EHS, et secteurs sanitaires, et stipule que les établissements qui n'assurent plus d'activités de rang magistral reviennent de fait au secteur public. Cette dernière option étant rendue possible sur décision du ministre ce 16 mai 2002. Décision qui a immédiatement donné lieu à une vive réaction à Zéralda. Vu que des médecins s'y sont opposés sans nuance aucune. Cette résistance ne serait que la partie visible de l'iceberg, puisque la vérité serait ailleurs «à savoir le maintien en place de certaines habitudes professionnelles d'un certain corps de métier». Néanmoins, ajoutent nos sources, la carte sanitaire algérienne a complètement changé et les mentalités doivent aujourd'hui s'adapter aux nouvelles données démographiques tant du corps médical que de celles de la population. Le ministre qui donne droit au chapitre aux praticiens spécialistes vient encore de promettre l'annulation des élections relatives aux commissions paritaires des praticiens spécialistes de santé publique et l'organisation d'un nouveau scrutin en un seul jour, au niveau de chaque établissement de santé publique. La mission de réforme du ministre de la Santé et de la Population paraît, en tout cas, très difficile dans la mesure où elle semble faire face à une résistance au changement. Les syndicats hospitalo-universitaires (Sndpsm et Snmasm) agitent l'action de grève pour se faire entendre de la tutelle. Les hospitalo-universitaires annoncent la non-correction des examens de fin d'année et leur report à une date ultérieure qui ne saurait intervenir avant le début de septembre 2002, ainsi que trois jours de grève de soins avec un service minimum (samedi, dimanche et lundi prochains). Ils exigent la définition de nouvelles modalités d'application de l'activité complémentaire et la révision globale de l'indemnité d'intéressement. En clair, «ils remettent en cause un décret présidentiel relatif aux réformes de la santé». La santé publique, croient savoir certains observateurs, est une chose beaucoup trop sérieuse pour qu'elle soit confinée aux seuls cercles d'initiés. Car qu'elle soit gratuite ou payante, en médecine, il y a toujours une facture à payer. Plus que jamais le débat actuel en matière de santé doit englober tous les partenaires sociaux; la concertation et les consultations devant englober : paramédicaux, gestionnaires, sociétés et médias.