L'auteure sera présente samedi prochain à partir de 14h à la libraire du Tiers monde pour une vente-dédicace de son nouvel ouvrage des plus poignant. Après «Lettres à Neyla-Mériem», paru en 2010, un écrit épistolaire dans lequel une grand-mère envoie des lettres à sa petite-fille, à qui elle veut surtout dire que «la vie est action et pas soumission, quelles que soient les difficultés du moment, quelles que soient les plaies et les bosses enfouies», Leïla Aslaoui donne à lire à ses lecteurs, aujourd'hui, un autre ouvrage, tout aussi fort et poignant, jusqu'à être bouleversant, dans lequel un «cartable bleu» raconte son passé et dévoile ses «trésors cachés». Tout comme les lettres écrites dans l'ouvrage précédent, qui se voulait un témoignage d'une mémoire qui se bat contre l'oubli et un héritage qu'on lègue à tous les enfants de l'Algérie, «Le cartable bleu» rapporte une multitude d'événements tragiques qui se sont produits, qui ont été vécus et que rien ni personne ne pourra effacer, si ce n'est l'oubli... Se projetant encore une fois dans le futur - puisque le récit se passe en 2030, soit 38 ans après les événements racontés - l'auteure, soucieuse de laisser des écrits où beaucoup de vérités sont dites - même si elles ne sont pas toujours les bienvenues, elles restent du domaine du vécu - dévoile encore une fois à ses petites-filles un pan tragique et douloureux de l'histoire de leur pays. Ce n'est pas une grand-mère ordinaire qui raconte des contes de fées à ses enfants, dans lesquels il y a un prince charmant, un château et une belle fin et où tout le monde vécut heureux et eut beaucoup d'enfants...Non! C'est une autre grand-mère que celle-ci. Une grand-mère qui a sans doute raconté ce genre de contes à ses enfants, à un moment donné de leur vie, mais qui se voit aujourd'hui, en 2030, en devoir de raconter autrement et autre chose. C'est avant tout, une plume qui veut écrire pour témoigner. Une femme qui ne veut pas partir de ce monde sans que ses enfants et ses petits-enfants, et ceux de tous les autres parents, ne sachent ce par quoi leur pays est passé, ce dont leur peuple a souffert et ce qu'ils n'ont pas vécu, eux directement, mais qui restera gravé à jamais dans l'Histoire de leur Nation. L'auteure ne veut pas agir en juge, ni sanctionner ces bourreaux. Elle ne cherche pas à faire «une analyse politique des «années rouges» ou «décennie noire». Elle ne tente pas de situer «les responsabilités et les rôles des uns et des autres». Elle veut tout simplement faire parler les événements et surtout donner à ses personnages qui ont 20 ans: Dahila, Sirine, Amal, Neyla et Kamel, le droit à la parole et la possibilité de s'exprimer sur ce qui s'était passé. Ils ont le droit de savoir, d'en discuter, et peut-être d'en juger plus tard. Il y est question de pardon, de réconciliation, mais aussi et surtout de violence, d'ignorance, d'intolérance, d'abus, mais sans jamais de sanctions. De beaux souvenirs qui se retrouvent tachés de sang. De belles couleurs de printemps ternies par de macabres représailles d'assaillants sanguinaires. Une belle jeunesse perdue par la faute d'une mission destructrice et aveugle. Tout cela pour après s'entendre dire «tournons la page et n'en parlons plus». Oui, hélas, il nous faut tourner la page car, qu'on le veuille ou non, la vie continue... et nos enfants de 20 ans sont là pour nous le prouver. Mais doit-on oublier? Doit-on leur pardonner? Peut-on seulement leur pardonner? Leïla Aslaoui ne prétend pas répondre à ces questions. Elle se contente juste de les poser et laisse chacun y répondre à sa façon... Leïla Aslaoui, Le Cartable bleu,Editions Dalimen, mars 2011