Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, effectue un déplacement «d'information» en Arabie Saoudite avec l'Iran et le Yémen au centre de ses entretiens à Riyadh. Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a rencontré hier à Riyadh le roi Abdallah au moment où l'Arabie saoudite et les Etats-Unis partagent la même inquiétude sur l'instabilité au Yémen et le rôle de l'Iran dans le Golfe. «L'Iran sera au centre de leurs entretiens», a indiqué à la presse, avant l'entrevue, le porte-parole de M.Gates, Geoff Morrell. «A la fois pour la menace qu'il représente pour la région mais aussi pour le rôle qu'il joue dernièrement en tentant d'exploiter à son avantage le mécontentement dans la région», a ajouté M.Morrell. Il s'agit de la première visite de M.Gates au souverain saoudien depuis le retour le 23 février du roi âgé de 86 ans dans son pays à la suite d'une opération au dos et d'une longue convalescence. Les relations entre les deux alliés ont traversé une période difficile lorsqu'en janvier et février Washington a donné l'impression de retirer son soutien à deux chefs d'Etat amis, le Tunisien Zine El Abidine Ben Ali et l'Egyptien Hosni Moubarak, face à des contestations populaires. M.Gates, qui effectue son troisième déplacement au Moyen-Orient en moins d'un mois, devait «réaffirmer la double approche de l'administration» vis-à-vis de la vague de soulèvements dans le monde arabe, selon un haut responsable. Un besoin de réformes mais par le biais d'une «évolution plutôt que d'une révolution», a souligné ce haut responsable sous couvert de l'anonymat. «Il y a un tempo spécifique pour ces changements, c'est du cas par cas, ça dépend de chaque pays, de ce qui est possible, réaliste», a-t-il ajouté, précisant que la situation en Arabie saoudite ne devait pas être abordée au cours de l'entretien. Cette visite intervient alors que le Yémen, voisin pauvre et instable du géant pétrolier, est le théâtre d'une violente contestation contre le président Ali Abdallah Saleh, vu jusqu'ici comme un allié par Washington. Washington et Riyadh s'inquiètent de la résurgence au Yémen, à l'occasion de ces troubles, des émules d'Al Qaîda que les Etats-Unis considèrent comme la menace la plus grave pour leur sécurité, et que la dynastie des Al Saoud voit comme ses ennemis jurés. Cette semaine, les responsables américains ont laissé entendre qu'ils souhaitaient que le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, cède le contrôle et facilite la mise en place d'une transition ordonnée. L'Arabie saoudite a invité l'opposition et le régime yéménites à se retrouver à Riyadh pour des tractations visant à mettre en place les mécanismes de cette transition. Dans le même temps, Riyadh et Washington, dont la relation privilégiée est un des piliers de la stratégie américaine dans le Golfe, région cruciale pour l'approvisionnement du monde en pétrole, partagent la même méfiance à l'égard de l'Iran. L'Arabie saoudite et les Etats-Unis l'accusent de vouloir déstabiliser la région et d'y comploter contre les monarchies en utilisant les communautés chiites qui se considèrent comme désavantagées. Récemment, Bahreïn, archipel voisin de l'Arabie Saoudite et qui abrite la Ve flotte américaine, a été le théâtre d'affrontements entre la police du royaume et des manifestants en majorité chiites. La dynastie sunnite des Al Khalifa a accusé la République islamique d'Iran d'inspirer ces troubles et Riyadh a dépêché un millier de soldats pour aider Manama à mater cette vague de contestation.