Dorénavant, la FAF ne sera plus sur le même pied d'égalité qu'une petite fédération. Dans quelques jours, les fédérations sportives seront régies par un nouveau décret exécutif (on attend sa parution au journal officiel). Encore que le qualificatif de nouveau ne soit pas adapté. Il s'agit en fait d'une simple modification apportée à un seul article de l'actuel décret, le 97-376 du 8 octobre 1997. L'article concerné est le premier. Celui-ci indiquait que «le décret a pour objet de fixer les modalités d'organisation et de fonctionnement des fédérations sportives». Dans le nouvel article on a procédé à un ajout qui indique que «les fédérations sportives nationales dont les disciplines sportives sont à caractère olympique, à forte audience internationale et soutenues prioritairement sont régies par des statuts fixés par décrets exécutifs. La liste des fédérations sportives nationales prévues à l'alinéa ci-dessus est fixée par arrêté du ministre chargé des sports». On comprend par là que le décret remanié entend faire la part des choses et classer les fédérations par ordre de priorité. L'exposé des motifs ayant amené à ce changement note que l'uniformisation des fédérations sportives a engendré des dysfonctionnements du fait de la non-prise en compte du caractère stratégique et prioritaire des fédérations. Il ajoute qu'il a été tenu compte de l'article 11 de l'ordonnance 95-09 sur le sport qui consacre la prise en charge, le développement et le soutien du sport d'élite et de haut niveau prioritairement dans les disciplines sportives olympiques à forte audience internationale. Cette disposition induit automatiquement le caractère hautement stratégique des fédérations de sports olympiques qui, traditionnellement, se distinguent par l'intensité de leurs activités, leurs résultats sportifs, la densité de leurs effectifs et le niveau de leur structuration et de leur implantation au plan national. Il semblerait que c'est sous la pression de la fédération algérienne de football qu'un tel changement a été opéré. Il paraissait, en effet, impensable que la première fédération sportive du pays puisse continuer à être régie par le même texte sous la coupe de laquelle se trouvent des fédérations qui n'ont pas 5000 licenciés à travers le territoire national. Nul n'oubliera la période 1992-1998 qui avait vu la FAF ballottée et malmenée sous les coups de boutoir abusifs du MJS qui l'avait transformée en un vaste forum où la tricherie, la mauvaise foi, les passe-droits et l'hypocrisie étaient devenus monnaie courante. C'est cette période-là qui a contribué à décrédibiliser la FAF, à l'affaiblir et à la ridiculiser sur la scène internationale. Le MJS n'avait hélas pas compris qu'il lui fallait avoir une FAF forte car c'est à cette condition-là que lui aussi aurait été fort. Il ne fait, donc, aucun doute que c'est cette fédération qui sera la prioritaire d'entre toutes et qui bénéficiera d'un décret sur lequel se baseront ses statuts. Le nouveau texte stipule que les décrets spécifiques toucheront les fédérations de sports olympiques mais pas toutes. On suppose que le MJS établira un classement en fonction de l'audience de la fédération mais surtout des résultats acquis sur le plan international. Dans cette optique, il est vraisemblable que la FA d'athlétisme, celle de judo et celle de boxe seront privilégiées. A un degré moindre, on peut penser à la fédération de natation, celle du handball, celle du basket-ball et celle du volley-ball. Les autres continuent d'être régies par le texte actuellement en vigueur pour préserver l'équilibre général du mouvement sportif national. On peut, malgré tout, se poser des questions et se demander si ce remaniement n'intervient pas dans la précipitation. On sait, en effet, qu'une nouvelle loi sur le sport est pratiquement prête. Elle devrait être promulguée au début de l'année prochaine. Pourquoi changer de décret maintenant vu qu'on procèdera à la mise en conformité du décret avec la nouvelle loi? On rappellera, en plus, que si le décret sur les fédérations a changé en 1997, celui qui concerne les ligues est resté en l'état. Statutairement parlant, les ligues ne fonctionnent pas sur le même modèle que les fédérations dont, pourtant, elles dépendent. Comme quoi il n'est point besoin de se dire qu'on a franchi un pas vers le progrès car les lenteurs administratives sont là pour nous rappeler que les vieux réflexes sont toujours bien ancrés dans notre système sportif.