Il ressemble à s'y méprendre aux dispositions de la loi 89-03 qui avait montré ses limites. Alors qu'il est dans les habitudes de citer des noms ou des clubs pour parler de faits saillants qui se sont produits durant les 12 derniers mois, l'année 2006, qui vient de s'écouler, a été marquée, sur le plan sportif algérien, par un événement d'ordre administratif dont le moins que l'on puisse dire est qu'il a fait couler beaucoup d'encre. On en a même plus parlé de lui que pour d'autres secteurs autrement plus importants pour le pays. Il s'agit, vous l'aurez certainement deviné, de la mise en application du décret exécutif 05-405 relatif aux fédérations sportives. Une opération très contestée par le mouvement sportif national mais qui a fini par être entérinée par les acteurs de ce mouvement sachant que les cordons de la bourse étaient tenus par le ministère et qu'aucune fédération ne pouvait ouvrir droit à sa subvention annuelle si elle ne mettait pas ses statuts en conformité avec le texte en question. La contestation tenait au fait que plusieurs dispositions du décret mettaient sous le boisseau le peu d'autonomie dont disposaient les fédérations sportives. Peu d'autonomie, en effet, car, s'il est vrai que dans la forme c'est l'assemblée générale qui représente l'organe suprême de celles-ci, dans le fond, rien ne se fait sans accord préalable du ministère de la Jeunesse et des Sports dont le qualificatif de tutelle est vraiment approprié en la circonstance. Jusqu'à aujourd'hui, il n'est pas une équipe ou un dirigeant sportif qui peut quitter le pays sans autorisation du MJS alors que les textes légaux en vigueur indiquent que seule l'assemblée générale peut juger, en toute souveraineté, l'action d'un bureau fédéral. De même que pas une structure sportive ne peut activer sans avoir reçu le feu vert de l'administration du 1er Mai. Lorsqu'il était arrivé en avril 2005 à la tête de ce département ministériel, M.Yahia Guidoum, n'avait pas caché son appréhension envers le mouvement associatif sportif qu'il estimait «trop fort devant une administration centrale trop faible». Ces propos montraient déjà que le ministre allait s'atteler à renverser cette situation alors que dans les faits, une fédération sportive n'avait aucun pouvoir devant l'omnipotence du MJS. A titre d'exemple, bien avant l'arrivée de M.Guidoum, certaines bourses de préparation des athlètes algériens étaient gérées directement par un département ministériel sans que la fédération d'athlétisme n'en sache mot, ni ne connaisse où ces athlètes partaient pour s'entraîner. Dans la mise en application du décret 05-405, le ministère avait compté sans l'avis des fédérations sportives internationales dont certaines voient d'un très mauvais oeil l'ingérence des pouvoirs publics dans les associations qui leur sont affiliées. Une en particulier, la Fifa, qui revendique des textes que chacun de ses membres se doit d'adopter s'il veut continuer à concourir à l'échelle planétaire. En fait, des textes qui sont à l'opposé de l'esprit du décret algérien relatif aux fédérations sportives. C'est pourquoi, de toutes ces dernières, celle du football, la FAF, est la seule à n'avoir pas tenu compte du texte réglementaire algérien. Une espèce de «rébellion» qui lui a valu de ne pas bénéficier de sa subvention de l'année 2006 alors qu'elle faisait l'objet d'une disposition spéciale dans la loi des finances (il se dit, cependant, que cet argent serait incessamment viré dans le compte de la FAF suite à une intervention du chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem). Il est une autre fédération soumise à la même pression de la part de l'administration centrale, bien qu'elle ait tenu compte du décret 05-405 lorsqu'elle a amendé ses statuts. Il s'agit de celle du basket-ball pour laquelle on a émis des critiques sur la disposition relative au nombre d'experts que peut désigner le MJS pour siéger au sein d'une assemblée générale fédérale. Les gens du basket n'ont, pourtant, fait que suivre à la lettre le décret. Celui-ci énonce que le MJS peut désigner, au plus, 30% d'experts. Ce qui sous-entend que l'on peut proposer plus bas que ce pourcentage sans être hors des normes fixées par le texte réglementaire. La FABB (la fédération de basket) s'est, donc, limité à la désignation de 10% d'experts, un pourcentage non accepté par le Ministère de la Jeunesse et des Sports qui, lui, fait obligation d'aller jusqu'à 30%. En somme, le MJS demande lui-même que ne soit pas respectée une des dispositions de son propre décret. Ce n'était pas la première entorse. Il est un autre article du décret qui indique que les membres siégeant dans des structures internationales doivent faire partie d'un bureau fédéral Il a, pourtant, été occulté par le directoire qui a pris en charge la gestion de la fédération d'athlétisme après que le ministre ait suspendu le président et le comité directeur de cette fédération. Cette sanction a constitué le grand événement de cette fin de l'année sportive puisqu'elle a entraîné la suspension de la FAA par l'instance internationale de l'athlétisme. Il a fallu que le président de celle-ci vienne en visite dans notre pays pour que la suspension soit levée. Mais en réponse à celle-ci, il a été demandé au ministre de la Jeunesse et des Sports de prononcer la réhabilitation des responsables de la FAA tout en veillant à ce qu'une assemblée générale élective de cette instance soit organisée sous la direction du membre algérien de l'IAAF, celui-là même que l'on avait voulu écarter auparavant. La démarche du ministère est d'autant moins compréhensible que, de 1963 à nos jours, ce fut, presque toujours, un des membres qu'il a lui-même désigné qui a accédé à la présidence d'une fédération sportive. Pour ne citer que le football, sur qui on fait tant de bruit autour de sa réticence à ne pas se mettre au pas, on fera remarquer que le précédent président de la FAF et celui qui est en poste en ce moment, ont pu avoir accès à l'assemblée générale qu'après avoir été inscrits sur la liste des experts, proposée par le MJS. Ces experts ne seraient-ils que fugaces ou bien s'useraient-ils, comme la pile, après avoir servi? Il paraît qu'il y en aurait d'autres qui seraient marginalisés. Il se pourrait, alors, qu'ils soient, eux aussi, appelés à subir le même sort que ceux qui sont en place. En 1989, le mouvement associatif sportif avait servi de «laboratoire d'expérimentation» aux pouvoirs publics pour lancer le processus démocratique après des années de dirigisme centralisé. Le choix des dirigeants fédéraux, qui s'opérait par le biais d'un scrutin à bulletin secret, se voulait être une nouveauté dans un système sous tutelle du MJS. On pensait que les élus émanaient de la souveraineté de l'assemblée générale alors que la réalité était tout autre puisque le bureau fédéral, qui comprenait 4 membres désignés directement par le ministère et qui procédait à l'élection, en son sein, du président de la fédération, était lui-même élu par un conseil fédéral de 48 membres dont les 2/3 étaient désignés par l'administration centrale au titre du «tiers-bloquant». Cette politique n'a pas porté ses fruits si l'on se fie aux résultats en dents de scie de nos sportifs depuis cette date. La disposition du décret 05-405 portant sur les 30% d'experts ne serait, dans ce cas, qu'un «bis repetita» avec le peu de certitude que le sport algérien puisse retrouver son embellie.