Si l'on veut que les disciplines dites mineures arrêtent, il faut le dire. Le 6 novembre dernier, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum, signait un arrêté fixant la liste des 12 fédérations sportives jugées d'utilité publique et d'intérêt général. Il y avait là celles du football, de l'athlétisme, du judo, celle du basket-ball, du volley-ball, du handball, de la natation, celle de la boxe, celle de la gymnastique, du handisport, du sport scolaire et du sport universitaire. L'arrêté en question a été publié dans le Journal Officiel du 13 novembre et les 12 fédérations en ont été avisées. Seulement pour 11 d'entre elles, il n'a pas été question de mise en conformité de leurs statuts avec le statut type édicté dans le décret exécutif 05-405 relatif aux fédérations sportives. Pour celles-ci, on a fait application de la disposition de l'article 48 dudit décret qui précise que les instances sportives ont un an pour procéder à cette mise en conformité. La douzième, celle du football, avait, elle, été sommée de se plier en urgence aux instructions du texte réglementaire. Le MJS avait, d'ailleurs, usé d'un procédé tout à fait singulier, voire étrange, pour contacter la FAF. On se souvient, en effet, que le ministère avait eu recours à un huissier de justice pour le faire. On se souvient également de la suite des événements, à savoir que la FIFA ayant appris cette démarche du MJS avait annoncé, par la voix de son président, M.Joseph Sepp Blatter, que la FAF serait suspendue dès qu'elle mettrait ses statuts en conformité avec le statut type du décret exécutif relatif aux fédérations sportives. Après quoi, le MJS avait fait marche arrière en acceptant qu'une AG élective de la FAF, reportée d'un mois, se déroule sur la base des textes actuels de cette instance alors que deux jours auparavant, le ministre martelait qu'il n'était pas question qu'elle se tienne avant la mise en conformité de ces statuts avec le décret. Il y a eu là un gros problème à résoudre, mais il y en a un autre plus gros encore devant lequel la majorité des fédérations sportives semble coincer. Il s'agit du choix porté uniquement sur 12 instances pour en faire des fédérations sportives d'utilité publique et d'intérêt général. Le MJS n'a pas, en la circonstance, innové sur la terminologie puisque les textes de loi qui ont précédé l'actuel faisaient référence à une telle nature juridique pour ces fédérations. Mais là, en choisissant 12 pour ce label, le ministère semble faire dans le séparatisme. C'est comme s'il y avait de bonnes et de mauvaises fédérations. Celles qui sont d'utilité publique et d'intérêt général et toutes les autres qui comptent pour du beurre. On pourrait dire l'écrasante majorité des autres. Du reste, le statut type du décret 05-405 ne s'applique que pour les premières fédérations, les 12 qui ont été choisies par arrêté ministériel. Seules celles-ci seront touchées par les fameuses dispositions de l'unique mandat pour le président et de la désignation par le MJS de 30% d'experts au sein des assemblées générales. Les autres n'auront qu'à mettre leurs textes en conformité avec le décret (qui ne traite pas de ces deux points) sans prendre en compte le statut type. Cette histoire de «séparatisme» ne manque pas de soulever des interrogations. Il n'y a pas, en effet, une association qui fasse bonne oeuvre pour la communauté comme une association sportive, exceptée celles qui s'occupent de toutes les personnes défavorisées. Une association sportive travaille pour la promotion du sport, donc pour la jeunesse. Comprendre cela autrement c'est faire preuve d'une totale ignorance de la chose sportive. C'est comme si on ne voulait plus des sports dits mineurs. Un karatéka, un lutteur ou un haltérophile, pour ne citer que ceux-là, et dont les fédérations sont exclues de la fameuse liste des 12, s'il gagne en compétition, il le fera pour le pays et pour son prestige... C'est lui qui fera retentir Kassaman et lever les couleurs du pays mieux que ne le feraient bon nombre de nos diplomates. Si ce n'est pas là une utilité publique et un intérêt général, on peut se demander ce que c'est. De même que l'on reste ébahi en s'apercevant qu'une fédération omnisports comme celle du sport et travail n'en fasse pas partie alors qu'elle contribue à l'épanouissement du travailleur. Il semble, donc, que le MJS ait fait un mauvais calcul en procédant à cette espèce d'écrémage. Les fédérations sportives ont besoin de l'aide des pouvoirs publics pour fonctionner, même si elles savent qu'elles ne peuvent être mises sur un pied d'égalité. La bonne action est celle qui consiste à donner de l'importance à tous ceux qui contribuent à oeuvrer pour la jeunesse.