«Notre message est que l'Etat promeut un Islam de paix et de dialogue d'ouverture, de savoir, de beauté et de créativité au moment où certains Etats tentent de stigmatiser l'Islam dans le monde», a déclaré, hier, Khalida Toumi. C'est demain vendredi que s'ouvrira la manifestation Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011 et ce par une parade populaire qui partira du Palais de la justice (nouveau) à Tlemcen, en passant par la place de la Victoire et la rue du 18-Février. Suivra, le lendemain, l'ouverture officielle au mont Lala Seti en présence du président de la République Abdelaziz Bouteflika, et plus de 80 ambassadeurs accrédités en Algérie. La parade populaire nous apprend-on, sera constituée de 22 camions chars en référence à l'Islam et les thèmes de l'influence de ce dernier sur la culture, matérielle et immatérielle, à travers l'histoire et la civilisation musulmane. L'architecture, les inventions, les découvertes dans tous les domaines de la science à savoir, la médecine, la physique, les mathématiques, l'astrologie, et ses influences sur l'humanité et son évolution... Ont participé à l'exécution de cette parade populaire, plus de 33 artistes spécialisés dans le domaine du dessin et de la sculpture, la plupart sont diplômés des beaux-arts, près de 35 artisans algériens, plus de 50 artistes étrangers de différentes spécialités, 10 infographes algériens, plus de 20 techniciens algériens spécialisés du son et de l'audiovisuel, et plus de 500 personnes composant les différentes troupes folkloriques. Ce sont 596 artistes aussi qui y prennent part entre chanteurs, acteurs, danseurs, dessinateurs etc. «Tlemcen écho de la foi» est une production théâtrale énorme qui marquera l'ouverture officielle. Elle réunira un grand nombre d'artistes algériens venus de tous les coins du pays. Différents volets de la culture y sont représentés, tels que le chant, la comédie, la chorégraphie, la scénographie, et des effets visuels. Cette création artistique prend en considération les étapes les plus importantes de notre histoire, à commencer par celle de Tlemcen avant l'Islam. Ce spectacle met en valeur le mélange des deux cultures musulmane et berbère, qui a eu des conséquences profondes sur tous les volets aussi bien culturels, scientifiques, sociaux, architecturaux, aboutissant à faire entrer la région dans le concert des civilisations. Ce travail artistique reflète également la poursuite des conquêtes musulmanes jusqu'en Andalousie et le travail civlisationnel entrepris par les musulmans dans cette partie du monde traduit par l'expansion de la religion musulmane au détriment des autres religions. Le spectacle se terminera par une série de tableaux ayant trait à l'Algérie d'aujourd'hui. Genèse de l'événement Les capitales culturelles régionales, un concept né lors de la Conférence mondiale sur les politiques culturelles, organisée par les Nations unies au Mexique en 1982, représentent un moyen d'encourager et de valoriser le dialogue culturel entre les peuples. L'Organisation islamique de l'éducation, les sciences et la culture (Isesco) a proposé un projet de programme pour les capitales culturelles islamiques, adopté lors de la 3e session du Conseil ministériel de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), tenue en 2001 à Doha (Qatar). La 4e Conférence des ministres de la Culture des pays musulmans, tenue à Alger en 2004, a invité les Etats membres à proposer des villes parmi lesquelles l'Isesco élit tous les trois ans des capitales pour représenter la culture islamique, dans la région arabe, en Afrique et en Asie. A l'issue de cette session, la Conférence a programmé des villes pour être capitales culturelles jusqu'en 2014. L'expérience des capitales de la culture islamique a débuté en 2005 avec La Mecque comme première capitale de la culture islamique. Aux côtés de Tlemcen, Djakarta (Indonésie) a été retenue, en 2011, pour représenter l'Asie et Conakry (Guinée) la région Afrique. L'Algérie s'est portée candidate avec Tlemcen, l'une des plus anciennes cités de l'Ouest algérien, pour abriter l'édition de 2011 de la manifestation dont le lancement national, à la mi-février, a coïncidé avec la célébration du Mawlid Ennabaoui. Khalida Toumi: «L'Islam c'est le savoir» Lors d'une conférence de presse donnée en février dernier, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, avait indiqué que cet événement culturel représentait une occasion «précieuse pour l'échange et le dialogue avec l'Autre». Elle avait également relevé que Tlemcen a été élue capitale de la culture islamique en raison de sa longue histoire et de ses joyaux architecturaux représentant la plupart des époques islamiques. Hier encore au micro de la journaliste Souhaila Hachemi de la radio Chaîne III, la ministre de la Culture a réitéré son engagement et sa détermination pour faire de cette manifestation un succès nonobstant dit-elle «le faible budget attribué qui n'est pas élastique» soulignant que son ministère est «le secteur le plus pauvre du gouvernement». La Tunisie et l'Egypte, qui viennent de changer de gouvernement, seront présentes à l'ouverture a-t-elle affirmé. Elles seront à côté des 27 autres pays de l'Isesco et 12 Etats non-musulmans. A cet effet, sept nouvelles infrastructures seront inaugurées et réceptionnées aux côtés des 22 monuments et sites qui ont été restaurés. Sept autres monuments le seront aussi après 2012 et d'autres durant l'année. Khalida Toumi, qui fait de la culture son cheval de bataille contre «l'ignorance en action», a expliqué que cette manifestation tombe à point nommé au moment où certaines formations politiques et certains Etat tentent de stigmatiser l'Islam dans le monde. «Notre message est que l'Etat promeut un Islam de paix et de dialogue d'ouverture, de savoir, de beauté et de créativité.» Aussi note-t-on, ce sont 48 productions cinématographiques qui sont programmées cette année, en plus de 19 pièces de théâtre, de nombreux colloques et une dizaine d'expositions.