La capitale des Zianides se pare de ses plus beaux atours pour accueillir l'événement de l'année. Tlemcen fait peau neuve. La ville des Zianides dégage une fraîcheur et une propreté sans égales. De l'aéroport jusqu'au centre-ville, tout brille. La propreté des lieux est frappante. Routes, trottoirs, espaces verts, infrastructures affichent un nouveau visage. «On dirait une ville nouvellement construite», commente un collègue, impressionné par l'hygiène et la beauté des infrastructures. Pour celui qui ne connait pas l'histoire de la ville, il croira qu'elle a été construite tout récemment. Complexe touristique, universités, hôpitaux, mosquées et même les postes de police scintillent de loin. «Tout est flambant neuf», lâche encore une autre collègue en passant devant l'université Aboubakr Belkaïd. Effectivement, aucun détail n'a été omis. Les travaux de réfection ont été poursuivis jusqu'à la dernière minute. La ville, qualifiée de perle de l'Ouest, s'est mise à la hauteur de l'événement, «Tlemcen capitale de la culture islamique 2011». Le défi vaut bien la chandelle. 29 Etats membres de l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (Isesco) ont confirmé leur participation. De plus, 12 pays, hors l'organisation, dont la Chine, l'Inde, l'Espagne, le Portugal et les Etats-Unis d'Amérique devraient également prendre part à la manifestation. En sillonnant les artères de la ville, l'événement capte le regard. Des panneaux publicitaires géants sont implantés un peu partout à travers les grands boulevards. Or, de l'autre côté, l'événement n'intéresse pas trop les gens. L'autre face cachée de la ville Le décor est complètement différent. A quelques mètres seulement de là, l'écart est flagrant. Derrière les boulevards principaux, c'est la débandade totale. L'anarchie règne. Vieux bâti, routes délabrées, ordures éparpillées constituent le décor. En pénétrant au coeur des quartiers populaires, l'état des lieux nous surprend. «L'image de la perle de l'Ouest s'efface peu à peu. «On a décoré juste les endroits où est prévu le passage du cortège présidentiel», constate un marchand de tissus. Rien de surprenant. Pour ce commerçant, c'est connu dans la culture de nos responsables. «Ils s'occupent uniquement de ce qui est visible, les façades qui donnent sur l'extérieur», déplore-t-il en faisant allusion à la mauvaise gestion. Son voisin l'interrompt pour dire: «Ils devraient effectuer des visites à l'intérieur des quartiers pour voir la réalité des choses». Sur place, le constat parle de lui-même et met à nu la mauvaise gestion des responsables locaux. «C'est honteux pour nous, car ces quartiers font partie de la ville de Tlemcen et nous recevons beaucoup d'étrangers», poursuit le commerçant qui en a gros sur le coeur. Ça circule de bouche à oreille. La kheïma, lieu de la cérémonie d'ouverture officielle, sise sur les hauteurs du parc Lala Seti, fait beaucoup parler d'elle. Le coût de sa réalisation interpelle plus d'un. «C'est du gaspillage, à mon avis», lâche sans ambages un jeune vendeur, au marché Darb Sidi Hamed. Son ami lui emboîte le pas: «Nous avons besoin de pain pour manger». Sur place, un client s'invite à la discussion: «Avec ce montant on aurait pu régler le problème du logement». Ils ne sont pas les seuls à le penser. En parcourant le vieux quartier de Tlemcen, d'autres commerçants partagent le même avis. «C'est trop d'investir beaucoup d'argent pour une journée», regrette un bijoutier en montrant du doigt l'état délabré du quartier. Ce sexagénaire fait travailler avec lui son fils, diplômé de l'université de Tlemcen. Ce bijoutier dit qu'il n'est pas contre l'événement lui-même qu'il qualifie d'important puisqu'il s'agit de la promotion de la culture islamique. Cependant, il relève le problème du chômage. Ici, la plupart sont des commerçants. Les vendeurs à la sauvette squattent tous les lieux du vieux quartier. Pour d'autres, l'événement a permis à la ville de se développer. «On voudrait bien qu'il y ait des manifestations chaque année», estime un chauffeur de taxi qui trouve du plaisir à conduire sur des routes entièrement retapées. Interrogé sur le coût de cette manifestation, la ministre de la Culture n'a pas voulu le dévoiler. «La culture n'a pas de prix», a-t-elle répondu. Ce qui est sûr est que le show promet d'être surprenant. Tout sauf la politique Tlemcen vit les «Mille et une Nuits». C'est partout la fiesta. Du chant, de la danse, des colloques, il y a de tout. Les habitants auront droit à un spectacle sans précédent. Le coup d'envoi de la manifestation a débuté par une parade populaire qui a sillonné les grands boulevards de la ville, entre autres Kissaria et Imama. Composée de 22 camions-chars surmontés de maquettes symbolisant les arts, les sciences et le génie créateur de la civilisation musulmane, cette parade se veut comme un avant-goût de l'ouverture officielle prévue aujourd'hui par le président de la République au niveau de la kheïma, plantée au parc Lala Seti. Un grand show est au menu. Il y aura de tout, sauf de la politique. La capitale des Zianides qui capte tous les regards de la classe politique ne prendra pas un cachet politique. Le président de la République a préféré prononcer un discours à la Nation à partir de la capitale Alger. L'information a surpris plus d'un hier. Venus nombreux couvrir l'événement, les journalistes se sont retrouvés à faire la culturelle. Certes, l'événement est important mais le discours politique était le plus attendu. Le chef de l'Etat prononcera un discours devant les hôtes de Tlemcen qu'il consacrera uniquement à l'événement. Auparavant, il va s'offrir un bain de foule. Un accueil populaire est prévu au niveau du boulevard principal de la ville. Cette visite de deux jours ne sera pas de tout repos pour le chef de l'Etat. Au programme, inauguration de plusieurs projets et lancement de chantiers. Bouteflika en visite de travail Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, effectuera une visite de travail et d'inspection aujourd'hui et demain à Tlemcen où il présidera le lancement officiel de la manifestation «Tlemcen: capitale de la culture islamique 2011» et procèdera à l'inauguration de plusieurs infrastructures socioculturelles.