Le changement de rythme imposé à notre organisme durant le jeûne bouleverse son fonctionnement. Le corps réorganise sa consommation d'énergie, désactive le centre de la faim, mais s'adapte aussi à une alimentation riche et variée. Un délai d'adaptation est donc nécessaire. Si pour certains, le passage s'effectue sans dégâts, pour d'autres, à la santé fragile tels les ulcéreux, diabétiques, colopathes se plaignent de malaises répétés et de crises aiguës. Une hausse d'incidences est, effectivement, constatée pendant le ramadan: troubles dyspeptiques, ballonnements, crises de foie, douleurs abdominales, allergies alimentaires et maux d'estomac. Mais contrairement à ce que l'on croit, la hausse ou la baisse d'incidence n'est pas liée au régime alimentaire du ramadan: nourriture épicée, boissons gazeuses, aliments essentiellement à base de gras, de glucose et de gluten contenus dans les aliments à base de farine, tel le pain mais surtout la zlabia. Le jeûne n'aggrave pas la symptomatologie clinique. Selon un récent exposé effectué par le professeur Toumi du CHU de Blida, le seul responsable de la hausse des incidences demeure l'abandon du traitement médical, ainsi que les écarts de régime alimentaire. Il est donc nécessaire d'observer, durant ce mois, une rigueur alimentaire accompagnée d'un suivi scrupuleux de traitement médical chez les malades. Toutefois, l'incidence chez les ulcéreux et les patients souffrant de troubles dyspeptiques répétitifs est en nette progression pendant les trente jours du jeûne, car l'absorption des nourritures agit comme un pansement gastrique. La sensation de faim étant constante, il est donc impératif, selon le docteur Rouabhi du service gastro-entérologie, d'absorber une quantité d'aliments durant la journée, ce qui, en d'autres termes, veut dire la non-observation du jeûne. Concernant les diabétiques, la nature de leur maladie et son traitement nécessitent une certaine fréquence dans l'administration d'insuline. Pis, le jeûne peut causer des dégâts considérables sur leur organisme, du fait de la non-dilution du glucose dans le sang, d'où l'augmentation du taux du sucre dans l'organisme. Dans ce cas précis, les médecins sont unanimes: un diabétique ne peut pas jeûner. Il n'en demeure pas moins qu'il y a des pathologies qui, au lieu de s'aggraver, se stabilisent et l'état du patient s'améliore même dans le cas de colopathie fonctionnelle. La régularité du repas (une fois par jour) permet une meilleure fluidité des aliments au niveau des intestins et même une stabilité au niveau du côlon chez certaines personnes. Ces indications énoncées, les spécialistes mettent l'accent sur deux points essentiels: le suivi du traitement médical et le respect du régime alimentaire car, en fin de compte, une bonne partie des troubles observés, pendant le ramadan, est essentiellement due à deux facteurs: la nature des aliments consommés et leur quantité. Il reste que les Algériens, dans un excès de religiosité, ne se conforment pas aux indications de leurs médecins et observent, même au péril de leur vie le jeûne.