De notre corespondant à Constantine Nasser Hannachi
«Il suffit d'appliquer les principes de la chrono nutrition : le bon aliment, en bonne quantité et au bon moment. Pendant la période du Ramadhan, il faut continuer à prendre ses trois repas, avec quelques petites spécificités liées au jeûne.». Soit trois phases dont la première débute à la rupture du jeûne et la troisième au s'hour, expliquait l'auteur du livre la Chrono nutrition spécial Ramadhan, le docteur Alain Delabos, après que son étude eut été testée par l'équipe scientifique de l'Institut de recherche européen sur la nutrition (IREN). C'est après tout une question d'organisation des repas pour ne pas heurter l'organisme. En fait, des vertus scientifiques du jeûne «en général» suscitèrent déjà l'intérêt du docteur Isaac Jennings au siècle dernier (1788-1874) (source Web). Cela consistait en un autre type de médication qui s'est traduit par une nouvelle science de la santé basée sur «un système hygiénique». Le filon sera repris principalement par Herbert M. Shelton, chiropraticien et naturopathe, fondateur de l'école hygiéniste ayant mis sur pied un protocole basé sur un jeûne à l'eau, soit un repos physiologique complet, à la manière de Socrate, pour aiguiser son esprit. Cette expérience sera établie à l'avenir avec appui sur des recherches qui ont conduit à mettre en relief autant de bienfaits du mois sacré. Les nutritionnistes préconisent une alimentation simple qui ne devrait pas différer de celle habituelle pour bénéficier de toutes les vertus du mois sacré sur un double plan physique et psychique. «Le mois du jeûne débarrasse le corps des déchets qui s'accumulent au long de l‘année. En quelque sorte, l'abstinence purifie notre corps des toxines. Mieux il donne du repos à notre appareil digestif», indique un médecin généraliste. Ainsi, connaître profondément les bienfaits du mois sacré sur notre organisme nous amène à vouloir le faire au long de l'année, pour peu que l'alimentation réponde modérément aux besoins de l'organisme. «Le Ramadhan n'est pas une torture, au contraire le jeûne est synonyme de relaxation et de santé», précise un religieux qui ajoute que le Ramadhan, selon le saint Coran, n'est pas imposé aux personnes atteintes de maladies chroniques. Pour cela, la médecine s'aligne sur cet «axiome» pour décider du degré de gravité avant de donner le feu vert aux malades chroniques de jeûner ou non, épilepsie, hypertension, diabète selon le cas, allaitement… «Des malades viennent nous voir pour prendre notre avis sur le jeûne. En fonction du degré de leur maladie, nous les guidons durant le mois», explique un médecin. Pour ce qui est de la majorité des jeûneurs, en réalité la gastronomie algérienne les gâte intensément durant ce mois au point de manger «n'importe comment» dès l'appel du muezzin. En effet, la tentation des ménages à garnir leurs tables du f'tour de plusieurs plats aussi variés que déséquilibrés sur le plan nutritif met parfois leur santé en péril pour une cause si simple soit-elle. Il faut savoir que le mois de Ramadhan de cette année coïncide avec une période chaude, ce qui favorise inévitablement la prise «des litres» de boissons. Les plus avertis consomment modérément de l'eau ou du jus de fruit à la rupture du jeûne alors que pour d'autres «impatientés», seuls les débits carbonatés pourraient étancher leur soif. Les malaises abdominaux ne se font pas prier pour se présenter. «C'est généralement des pansements pour l'estomac que l'on délivre aux personnes venant se plaindre de légères gastrites», dira un pharmacien qui travaille de nuit. Des migraines et autres irritabilités sont enregistrés chez les consommateurs de la nicotine. A cet effet, estime une frange de grands fumeurs que l'on a questionnés, «le mois de Ramadhan est vraiment propice pour diminuer la consommation de tabac. Il suffit d'avoir un peu de volonté». Par ailleurs, le bouleversement chez les diabétiques durant cet événement réside dans la réorganisation de leur prescription médicale selon la pathologie. Pourtant, la majorité des diabétiques ont tendance à jeûner avec un «compromis» avec leur médecin traitant qui les sensibilise en tout cas contre un éventuel risque d'hypo ou d'hyperglycémie. Les insulinodépendants forment la masse à risque soumise à un contrôle journalier assidu du taux du glucose dans le sang. «Au mois de Ramadhan, je m'organise de sorte que les repas soient répartis sur trois phases coïncidant avec la prise de mes médicaments. Je ne peux m'empêcher de ne pas jeûner», devait dire un sexagénaire auquel le médecin a pourtant interdit de «jouer» avec sa santé. «C'est psychique», indique-t-il.