Les 43 ministres qui se sont succédé au département de la Santé, n'ont pas pu mettre fin au calvaire que vivent ces malades. Ahurissant! Pas moins de 50 cancéreux meurent chaque jour en Algérie. Pis encore, dans 50% des cas, c'est la négligence et la gestion scandaleuses qui sont derrière cette «mort bête». Ces statistiques effarantes ont été communiquées, hier, par Mme Kettab, présidente de l'Association El Amel lors d'une conférence -débat tenue au Centre de presse El Moudjahid. Les 43 ministres qui se sont succédé au département de la Santé, n'ont pas pu mettre fin au calvaire que vivent ces malades. Les dysfonctionnements enregistrés au niveau des centres spécialisés sont légion. Mme Kettab cite, de prime abord, l'«inégalité d'accès au soins». Les patients issus des régions lointaines ne savent plus à quel saint se vouer. Pour l'acquisition de certains produits morphiniques utilisés dans la chimiothérapie, disponibles uniquement dans deux pharmacies à Alger, ces malades traversent tout le pays. Le comble, c'est «qu'on leur sert une seule boîte utilisable pour une semaine». Le manque criant de spécialistes au niveau de ces régions a été également décrié. Cependant, le problème frappe de plein fouet même le Centre Pierre et Marie-Curie (Cpmc) d'Alger, considéré comme étant une référence. Le peu de manipulateurs y exerçant travaillent 17 heures par jour. Les appareils sont en panne et plus de 28.000 patients sont en attente d'une radiothérapie. Ne voulant plus attendre, «car le cancer ne patiente pas», l'ensemble des associations d'aide aux malades cancéreux accorde, au maximum, un mois à Djamel Ould Abbès. Le ministre de la Santé doit répondre en urgence et satisfaire les associations qui l'ont interpellé à maintes reprises. Deux solutions lui sont proposées par l'Association El Amel. «Que les malades qui subissent des séances de radiothérapie chez le privé (50 millions de centimes) soient entièrement pris en charge par la Cnas comme c'est le cas pour les hémodialyses, ou qu'ils bénéficient d'une prise en charge à l'étranger qui est un droit», précise Mme Kettab. Un centre privé situé à Blida ainsi que la Clinique Al Azhar disposeront, dans deux mois, de leurs appareils de radiothérapie. Au niveau du secteur public, «c'est la catastrophe», enchaîne notre vis-à-vis. Les quatre centres de Sétif, Annaba, Batna et Tizi Ouzou, dont la réception a été déjà prévue n'ont pas encore été réceptionnés. Encore du retard. Si le ministre de la Santé tarde à répondre, les associations, comme l'a précisé la représentante du Centre de Skikda, pensent à des mouvements radicaux: sit-in et manifestations. Dans un autre contexte, il est également reproché au ministre de ne pas envisager des solutions à long terme. Depuis 2010, il a souvent évoqué l'acquisition de 57 centres de radiothérapie. C'est pour quand? s'est interrogée la conférencière. Et d'ajouter: «Un seul appareil coûte plusieurs milliards. Qu'en est-il de ces centres?» A cela s'ajoute l'absence des centres palliatifs. Ce qui contraint des cancéreux à penser à d'autres solutions à la fois aléatoires et dangereuses pour leur santé. «Certains malades pensent trouver remède chez des herboristes alors qu'ils ne font qu'aggraver leur situation», fulmine la présidente de l'Association El Amel. La conférencière a, d'autre part, tiré la sonnette d'alarme quant à certains comportements antidéontologiques de médecins qui continuent à prescrire des médicaments hospitaliers dans des ordonnances. «C'est strictement interdit». Outre les souffrances quotidiennes dues à leur maladie, les cancéreux subissent la loi de l'administration et de la tutelle qui fait d'eux des laissés-pour-compte.