Les grands thèmes qui domineront la vie politique algérienne l'année prochaine sont déjà connus. L'apparente et conjoncturelle hibernation de la classe politique algérienne (coalition au pouvoir et opposition ) en ce mois de Ramadan ne doit pas faire perdre de vue les grandes confrontations politiciennes qui s'annoncent pour l'année prochaine. La polémique déclenchée par l'ex-Président de la République, Ahmed Ben Bella sur le parcours d'une autre figure de la Révolution donne une idée sur ce que sera l'âpreté de la confrontation entre les acteurs de la scène politique algérienne. Or, 2003 ne sera pas seulement un moment pour des joutes politiciennes ou - présidentielles obligent - électoralistes uniquement, elle sera également charnière et capitale pour tout l'échafaudage politico -économique mis en place depuis au moins l'arrivée de l'équipe Bouteflika à la gestion des affaires du pays.En effet, au-delà du bilan du mandat présidentiel qui sera inéluctablement dressé et disséqué, la viabilité du système économique et social en vigueur en Algérie sera aussi jugée tant par les partenaires internationaux du pays que par les citoyens algériens durant cette année de fin de mandat présidentiel. Au moins deux projets de loi qui n'ont pas cessé d'être différés seront, à coup sûr au centre de tous les enjeux, sinon de tous les thèmes électoralistes et politiciens de l'année prochaine, s'ils ne sont pas d'ici à là passés à la trappe de l'APN. Il s'agit de la fameuse et controversée loi sur les hydrocarbures et celle tout aussi équivoque de la privatisation de la terre et du foncier en général. Les hésitations de l'Exécutif sur ces deux dossiers pourtant constituant des indicateurs de l'effectivité et de l'avancée ou non des réformes économiques, ne sont pas pour améliorer l'image et la crédibilité du système en place en matière de choix et de grandes options économiques. La privatisation de la compagnie nationale Sonatrach, qui suscite des inquiétudes chez les travailleurs du secteur et des certitudes de bien faire chez les promoteurs de la libéralisation tous azimuts, est un sujet qui pèsera lourd dans les éventuelles appréciations des soutiens extérieurs à l'équipe économique de l'Exécutif gouvernemental ou dans les dénigrements sans fin des intentions prêtées à cette même équipe de brader les ressources stratégiques du pays. Idem pour le projet de loi sur le foncier brandi depuis maintenant plus d'une décennie, mais qui n'a jamais abouti à une codification pouvant mener à une véritable privatisation de la terre à travers l'adoption de textes en conformité avec les dispositions actuelles ou révisées de la Constitution du pays. Il n'empêche que des lopins de terres agricoles sont vendus en catimini en dépit de textes juridiques faisant d'eux la propriété exclusive de l'Etat. Là aussi, les milieux étrangers et les milieux des grandes affaires locales jugeront sur les véritables intentions des pouvoirs publics quant à la teneur de leur volonté de se désengager de ce secteur. En fait c'est la manière de communiquer et d'expliquer les enjeux de telles lois qui fait défaut aux décideurs algériens qui n'arrivent pas, de surcroît, à expliquer aux bailleurs de fonds pourquoi l'économie nationale n'arrive pas à décoller en terme de croissance malgré tous les assainissements entrepris dans les entreprises et toute la batterie de textes votés, et encore moins à justifier, aux yeux des citoyens algériens, pourquoi la pauvreté ne cesse d'augmenter alors qu'il y a en même temps accroissement des ressources financières du pays et recul de la dette extérieure et de son service. En somme, l'année qui pointe à l'horizon pourrait ressembler aux précédentes en matière de rythme de concrétisation des réformes économiques qui avancent à la vitesse d'une tortue. D'ailleurs ni les Algériens ni les observateurs étrangers ne conviennent que l'économie de marché est effectivement instaurée en Algérie en dépit du fait que 90% des textes de loi du pays y ont été votés en ce sens ou à cette fin. L'échéance des élections présidentielles de 2004 qui se préparent dès 2003, va-t-elle précipiter les initiatives et donc la sortie de la léthargie ambiante?