La marche silencieuse à laquelle a appelé la Cncd d'Oran, dédiée à la mémoire du militant Ahmed Kerroumi, a été empêchée par un impressionnant dispositif policier qui a quadrillé, tôt hier matin, la Place Kahina et ses alentours. Hormis cet empêchement, aucun dérapage n'a accompagné l'action qui a été transformée en rassemblement, suivie d'une prise de parole tenue sur les escaliers de la bibliothèque régionale qui domine la place Kahina, ex-Cathédrale. Dénonçant le niet verbal émanant de la wilaya d'Oran quant à autoriser la marche, les intervenants ont, tour à tour, rappelé qu'une demande d'autorisation a été déposée le 14 avril dernier. Brandissant plusieurs dizaines de portraits de Ahmed Kerroumi, les manifestants d'Oran ont misé sur l'adhésion des passants. En vain, car ces derniers ont été discrètement dispersés par les hommes bleus. 11h30, les marcheurs ont vainement tenté de forcer le premier rempart composé de plusieurs dizaines d'agents. Cette fortification policière, ceinturant les manifestants, a été appuyée par un deuxième mur. Les marcheurs, indignés, se sont repliés sur le champ, sans heurts, vers les escaliers de la bibliothèque régionale de la Cathédrale qu'ils ont transformée en une tribune ouverte à travers laquelle les membres de la Cncd se sont relayés à la parole pour réitérer les principes fondamentaux de leur mouvement. «Désormais, la place Kahina est baptisée place Tahrir, tandis que la bibliothèque de la Cathédrale portera dorénavant le nom du défunt Ahmed Kerroumi», a annoncé le membre de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, le juriste Babadji Messaoud qui n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur la wilaya d'Oran. Auparavant, le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme de la wilaya d'Oran, Kaddour Chouicha, n'a pas manqué dans sa déclaration d'exiger d'abord, des enquêteurs «à rendre compte sur la mort du professeur et syndicaliste Ahmed Keroumi, ajoutant que la peur ne doit pas être exploitée par les pouvoirs publics pour nous intimider». Poursuivant sa allocution improvisée, le même orateur a affirmé que la «wilaya d'Oran est au-dessus de la loi, cette dernière continue à refuser de nous délivrer des autorisations des marches pacifiques». Entouré d'une dizaine de ses compères, l'intervenant hausse le ton en s'adressant aux policiers mobilisés à l'effet d'empêcher la marche. «Viendra le jour où nous poursuivrons en justice ceux qui répriment les militants pacifiques», a-t-il tonné, ajoutant que «nous sommes décidés à lutter âprement pour arracher nos droits légitimes». Dans une autre diatribe lancée par le professeur d'histoire, Ghanem Mohamed, celui-ci est revenu sur la mort mystérieuse du professeur Kerroumi avant d'appeler «la justice à faire son travail de façon indépendante». D'un ton émouvant, ce dernier s'est demandé «pourquoi notre ami a-t-il été tué dans des conditions obscures?». Le rassemblement silencieux qui s'est limité à la place de la Cathédrale, s'est dispersé dans le calme aux environs de midi. Tôt dans la matinée d'hier des membres de la Cncd de Mostaganem, Touat Dalila qui a eu gain de cause lors de son procès tenu jeudi à Mostaganem et quelques militants du MDS de Béjaïa, se sont recueillis sur la tombe du défunt Ahmed Keroumi, aprés avoir le dépot d'une gerbe de fleurs.