Le régime libyen menait hier une offensive d'ampleur sur Misrata, tandis que les obsèques d'un fils et de trois petits-enfants du guide libyen, tués selon lui dans un raid de l'Otan, devaient se tenir à Tripoli. Quatre ou cinq chars des forces pro-El Gueddafi ont tenté hier matin d'entrer dans Misrata, à 200 km à l'est de la capitale, et les rebelles ont assuré avoir arrêté leur progression. Les chars arrivés par les faubourgs Ouest de la ville, dont Al-Ghiran, «ont été stoppés par nos hommes», a assuré un chef de groupe rebelle, sans qu'il soit possible de vérifier l'information de source indépendante. Ces derniers jours, les combats se concentraient essentiellement dans cette zone située près de l'aéroport où des pro-El Gueddafi se trouvent toujours. Le port de Misrata, essentiel pour l'approvisionnement en armes et en aide humanitaire de la ville, et lourdement bombardé dimanche par les forces gouvernementales, était calme en début d'après-midi, selon des sources rebelles. Dix personnes ont été tuées à Misrata et des dizaines blessées par les bombardements depuis dimanche soir, selon des sources médicales. Le régime libyen avait offert vendredi une amnistie aux rebelles de Misrata s'ils déposaient les armes, précisant que l'offre était valable jusqu'à mardi (aujourd'hui). Des bateaux humanitaires, notamment un navire de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au large de Misrata depuis samedi, attendent toujours le feu vert de l'Otan pour accoster. Des mines ont été posées par les forces loyalistes dans les eaux au large du port et paralysaient toujours le trafic lundi, selon des sources rebelles. A la mi-journée, un ou plusieurs avions de l'Otan survolaient la ville. «L'Otan doit nous aider, ils attendent quoi?», a lancé un habitant d'une quarantaine d'années, refusant de donner son nom. A Tripoli, l'Otan a continué ses frappes dans la nuit de dimanche à lundi, en dépit des accusations du régime libyen d'avoir tenté d'assassiner Mouamar El Gueddafi la veille, lors d'un bombardement aérien qui a tué un de ses fils. Seif al-Arab Mouamar El Gueddafi, 29 ans, un des six fils du colonel El Gueddafi, et trois des petits-enfants du dirigeant, Seif (2 ans), Carthage (2 ans) et Mastoura (4 mois), ainsi que des amis et voisins, ont été tués par un raid de l'Otan sur la maison de Seïf al-Arab, selon le gouvernement libyen. Ils ont été enterrés hier «après la prière de dohr dans le cimetière des Martyrs d'Al-Hani à Tripoli», a indiqué la télévision libyenne. Mouamar El Gueddafi avait déjà perdu une fille adoptive en 1986 lors d'un bombardement américain à Tripoli. Quelques heures après ces frappes, les ambassades d'Italie et de Grande-Bretagne à Tripoli ont été la cible d'attaques. Selon des agences de presse, des manifestants ont mis le feu dimanche aux bâtiments de l'ambassade d'Italie et des résidences de l'ambassadeur d'Italie et de Grande-Bretagne. Londres a décidé d'expulser l'ambassadeur de Libye à la suite de ces incidents. La Turquie, qui a de gros intérêts économiques en Libye et s'efforce de jouer les intermédiaires, a évacué par précaution son ambassade, qui représentait aussi les intérêts britanniques et australiens à Tripoli. Par ailleurs, notons que les Nations unies ont décidé de retirer l'ensemble de leur personnel de Tripoli.