«Infernale» est l'ambiance de «scènes ramadanesques» propres à toutes les urgences hospitalières en ce mois. S'il est vrai que tous les secteurs d'activité fonctionnent le jour, quelque peu au ralenti, pendant le ramadan, les urgences des hôpitaux et centres de soins dérogent à la règle et affichent «l'alerte maximum» sur une plage horaire entre 17 et 23 h. Un personnel d'astreinte renforcé pour la circonstance fait face, bon gré mal gré, à un grand nombre de visiteurs déchirés par le deuil ou la douleur. Le f'tour? «On ne connaît pas, on n'y pense même pas, on a juste le temps de rompre en catastrophe», diront les médecins et chirurgiens de garde. «Les évacuations vers les urgences se font à une cadence telle, que le nombre est nettement supérieur à l'ordinaire pendant le ramadan», dira le DG de l'hôpital Zmirli d'El-Harrach. Le Dr Mouhoum de l'hôpital de Rouiba expliquera: «Le personnel des urgences chirurgicales et médicales est submergé par une affluence démesurée», précisant qu'«avant le f'tour, c'est aux urgences chirurgicales qu'on assiste à des scènes épouvantables alors qu'après ce sont les urgences médicales qui sont envahies par des visiteurs souffrant de problèmes digestifs». Selon ce même chirurgien «On dénombre 40% de malaises gastro-intestinaux dus à la suralimentation ou à la mauvaise digestion». Les intoxications alimentaires sont les plus fréquentes, suivies des colopathes, des hypertendus et les diabétiques qui respectent mal le régime ou le traitement auquel ils sont soumis. A l'hôpital Zmirli d'El-Harrach, les révélations sont aussi accablantes. Un personnel, compétent pourtant, se dit «dépassé par le flux infernal» d'autant que certains centres de soins de proximité évacuent davantage de cas qui pouraient être pris en charge sur place. «En effet, dira la chef de service d'astreinte, on reçoit quelque 60 cas par nuit en moyenne. Seulement 10 nécessitent un avis spécialisé, le reste relève des consultations externes». Elle ajoutera que «le nombre doublera, voire triplera à partir de la deuxième quinzaine suite à des complications chez certains ulcéreux, colopathes et autres diabétiques en mal d'adaptation». Mais la gravité réside chez ceux ayant subi des traumatismes qui se chiffrent autour «de 120 cas par jour dont la majorité est agressée à l'arme blanche. Certains (1 à 3) gravement blessés, succombent à leurs blessures.» Les accidents de la circulation sont en hausse durant ce mois. On recense, d'après la même source «40 cas par jour (le double par rapport aux autres mois) dont 6 à 8 cas par jour en moyenne à l'heure du f'tour et malheureusement 2 à 5 meurent». Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme quant à l'installation d'un phénomène nouveau «spécial ramadan»: «vols et agressions à l'arme (blanche)». Ils signalent en substance qu'«en ce mois (sacré!) la santé et au demeurant la vie des citoyens sont menacées». Sombre constat d'une triste réalité. «En l'absence d'un système d'organisation des marchés et un contrôle de la qualité, devant l'indifférence des uns et des autres, le danger prend de l'ampleur». En attendant, «il faut savoir où, quand et comment s'alimenter». A bon entendeur, Saha f'tourkoum!