La coopération mondiale contre le terrorisme a été prônée par Alger depuis des années. Maintenant qu'on ne parle que de cette option au niveau international, l'Algérie s'implique déjà dans cette stratégie. Ce qui ressort des déclarations américaines et européennes sur la nature de la riposte contre les terroristes, est que cette action devra se scinder en deux volets. Les frappes militaires proprement dites ciblant les bases terroristes de Ben Laden ne sont que la première étape ou la partie la plus spectaculaire d'une riposte s'inscrivant dans une stratégie globale qui s'étend dans le temps et l'espace. Il s'agit de former une coalition mondiale dont les efforts devront converger vers la lutte contre le terrorisme. Cette lutte, ce combat devra se ramifier en autant de volets qu'épousent les activités et les structures des organisations terroristes à travers le monde. Les efforts des Etats et organisations s'articuleront autour d'un appui multiforme à cette nouvelle croisade décrétée par George W.Bush. Echanges de renseignements, coopération internationale dans le domaine judiciaire (extraditions, mandats d'arrêt internationaux), création de fonds spéciaux pour la lutte antiterroriste, etc. C'est une guerre de longue haleine qui attend cette coalition internationale, et dont l'efficacité même est conditionnée par l'engagement des acteurs de la vie internationale à fournir le maximum d'efforts dans cette «première guerre du XXIe siècle», pour reprendre la formule du président américain. Une déclaration d'une source officielle, rapportée par l'APS, mercredi dernier, a indiqué que l'Algérie disposée à faire partie de cette coalition internationale contre le terrorisme, participera à «toutes les étapes et dans toutes ses manifestations.» Le «la» est ainsi donné, et déjà, les offices algériens sont passés à la vitesse supérieure en ce qui concerne l'une des «manifestations» de cette stratégie internationale. Lors de la tenue du dernier Conseil des ministres, l'Exécutif avait rappelé que les autorités algériennes «n'ont cessé d'appeler à la mise en place d'une coopération internationale effective» de lutte contre le terrorisme. Selon des informations rapportées par la presse internationale, nos services de renseignement ont communiqué à leurs homologues américains une liste de terroristes qui feraient partie des réseaux islamistes ciblés par la vague d'enquêtes et d'arrestations qui s'étend des Etats-Unis aux Philippines. Cette information peut paraître «exceptionnelle», voire un scoop journalistique, mais elle cache mal le fait que notre pays n'en est pas à sa première action en matière de coopération effective contre le terrorisme avec les autres pays et instances internationales. L'Algérie, faut-il le rappeler, a paraphé toutes les conventions ayant trait à la collaboration internationale en matière de lutte contre le terrorisme. Dans les années 90, que ce soit avec les Américains pour l'affaire Ressam ou avec les services français pour ce qui est de la campagne d'attentats de l'été 1995 dans l'Hexagone, les Algériens ont toujours montré leur pleine disponibilité à apporter leur aide, surtout en termes de renseignements. Sur un autre plan, l'Algérie a fait montre, encore une fois, d'un attachement inconditionnel à la légitimité internationale en ce qui concerne les frappes militaires. Alger se dit prête à soutenir toute action visant les terroristes où qu'ils soient, pourvu que ces opérations s'effectuent sous le couvert des Nations unies. La même logique est défendue et par le président égyptien, Hosni Moubarak, dont le pays est également en guerre ouverte contre le terrorisme des extrémistes religieux, et par les officiels européens. Seule une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU devra cautionner le déclenchement d'une opération militaire d'envergure. Une participation algérienne à une intervention armée n'est donc pas à l'ordre du jour en l'état actuel de la disponibilité de notre pays. L'on rappellera que la «source informée» a précisé à l'Agence de presse nationale que la lutte contre le terrorisme «ne doit aucunement prendre la forme d'une guerre contre un pays, une religion, une culture ou une civilisation».