Ils étaient 3000 contestataires lors du sit-in organisé à l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger. Baptême du feu de l'Intersyndicale des professionnels de la santé publique. Six syndicats ont tenu, hier, un sit-in à l'intérieur de l'hôpital Mustapha-Pacha, à Alger. Il s'agit du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), du Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales (Snpdsm), Syndicat national des maîtres assistants en sciences médicales (Snmasm) et de la Section ordinale nationale des médecins (Sonm). A ces organisations, s'est joint le Collectif autonome des médecins résidents. Ils étaient plus de 3 000 contestataires à crier leur colère contre le ministre. «Ould Abbès dégage!», scandaient les contestataires qui ont organisé une marche dans l'enceinte de l'hôpital. Celle-ci a mobilisé l'ensemble des syndicats autour d'un mot d'ordre commun: le rejet de la démarche du ministre pour l'élaboration de la nouvelle loi sur la santé. Désormais, Ould Abbès fait face à une contestation qui mobilise tous les professionnels de la santé publique. «La manifestation d'aujourd'hui est historique. C'est pour la première fois que les syndicats autonomes de la santé sont réunis pour mener une action commune», s'est félicité le Dr Lyès Mérabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), lors d'une prise de parole sanctionnant l'action protestataire des syndicats. «Le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière Djamel Ould Abbès réussit l'exploit de fédérer les syndicats autonomes de la santé contre sa politique», a renchéri le Pr Nacer Djidjeli, secrétaire général du Snpdsm. Même son de cloche chez le Dr Asselah, secrétaire général du Snmasm. «Cette action est le point de départ d'un processus de contestation», a-t-il précisé. La protestation de tous les acteurs de la santé publique a permis l'émergence d'une organisation qui regroupe tous les syndicats autonomes de ce secteur. «Notre mobilisation démontre que le ministre ne peut passer outre les syndicats représentatifs de tous les corps de la santé publique», a déclaré, pour sa part, le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique. Toutes les interventions ont convergé sur un point: l'absence d'un véritable débat avec le partenaire social. «La concertation et le partenaire social autonome ont été bafoués», a dénoncé le Dr Mérabet. Les contestataires ont mis à nu «la kermesse», organisée, récemment, à l'occasion de la tenue de la Conférence nationale sur la santé et la réforme hospitalière. Cette conférence est suivie de rencontres régionales. Elles ont pour objectif de faire participer les différents intervenants à l'élaboration de la nouvelle loi sur la santé. Les syndicats ont rejeté ce procédé. «Il y a un problème de méthode qui est posé. Dans tous les secteurs, ce sont les conférences régionales qui précèdent la rencontre nationale. Or, le ministre a fait exactement l'inverse», a argumenté le Dr Yousfi. Cette manière de faire pose un autre problème selon le Dr Mérabet. «La participation à ces rencontres, à titre individuelle, dilue la représentativité syndicale», a-t-il souligné. L'Intersyndicale est née. Quel sera son plan d'action dans les jours à venir? «Nous allons nous réunir incessamment pour évaluer l'action d'aujourd'hui et définir d'autres manifestations à mener», a révélé, à se sujet, le Pr Djidjeli. L'impératif pour les organisateurs est de trouver une formule qui leur permette de coordonner les actions des différents syndicats concernés tout en respectant le programme de chacun d'eux. A titre d'exemple, le Snpssp tient ses assises nationales, aujourd'hui et demain, selon le Dr Yousfi. Pour les même jours, le SAP a, de son côté, appelé à la tenue de deux rassemblements, l'un à l'hôpital Zmirli et l'autre à l'hôpital Parnet, à Alger. Les promesses de Ould Abbès ne tiennent plus la route. Comme dit l'adage: «Qui sème le vent, récolte la tempête.»