S'agit-il d'un simple accident ou l'annonce d'un retour aux mutineries ? Un incendie s'est déclaré, hier, vers 3h, dans l'établissement de rééducation de la ville de Tébessa, faisant une vingtaine d'asphyxiés, ont indiqué des sources proches de l'administration de l'établissement. Les victimes ont été évacuées par les éléments de la Protection civile aux urgences de l'hôpital El-Alia de la ville. Selon des sources médicales, dix des victimes auraient quitté l'hôpital. Il faut noter que les causes de l'incendie ne sont pas encore connues. Ce phénomène d'incendies, qui a défrayé la chronique en avril dernier, revient encore une fois, malgré toutes les mesures annoncées. Pour rappel, une dizaine de prisons à travers le territoire national, a connu ce même sinistre. Le 2 avril dernier, 22 prisonniers avaient trouvé la mort et 26 autres blessés à la suite d'une mutinerie dans la prison de Chelghoum-Laïd. Les prisons de Bordj Bou-Arréridj, Sétif, Constantine (El-Khroub), Aïn M'lila, M'sila, Annaba (El-Bouni), Sidi Bel Abbes et Béchar ont vécu, elles aussi, au rythme de cet enfer. Le phénomène de «contagion» qu'Ahmed Ouyahia, alors ministre de la Justice, a imputé à des motivations politiques, a fait 45 morts et 130 blessés. On se rappelle également que ces incidents sont intervenus dans une conjoncture politique nationale caractérisée par l'apogée du mouvement citoyen en Kabylie et une précampagne pour les législatives qui ont eu lieu le 30 juin dernier. Les animateurs de la scène politique n'ont pas manqué de tirer à boulets rouges sur Ahmed Ouyahia, et dans certains cas, accuser carrément les pouvoirs publics. Allant plus loin, Djaballah a déclaré au Forum organisé par le journal El Youm que «ce scénario a été préparé aux Tagarins» (il a été préparé par l'Armée, Ndlr). Depuis, plusieurs mesures ont été prises. Le Président de la République a indemnisé les familles des victimes et installé un ministre pour la Réforme pénitentiaire. En outre, des mesures d'urgence ont été initiées en collaboration avec la Protection civile, de la force publique et de l'institution judiciaire. Des réaménagements ont été apportés aux établissements pénitentiaires et la presse a été même invitée pour témoigner de cette bonne volonté. Aussi, l'incident de la prison de Tébessa est-il un simple accident ou l'annonce d'une reprise des mutineries? Si l'enquête n'en a pas encore révélé les causes, il est a craindre qu'il s'agisse d'une campagne antiprésidentielle, surtout que l'échéance d'avril 2004 est jugée très proche par ceux qui y prétendent.