Dans cet espace de simulation de gestes de la vie quotidienne, des femmes, à majorité hémiplégique, améliorent leur autonomie dans l'hygiène corporelle, l'habillage et se familiarisent, à nouveau, avec les tâches ménagères. Il n'y a pas plus difficile, pour une personne qui vient d'acquérir, après un accident ou une attaque cérébrale, une invalidité physique (paraplégie ou hémiplégie généralement), que de retourner à la maison, après de long mois passés dans le service de rééducation fonctionnelle d'un hôpital spécialisé. Les gestes les plus simples du quotidien deviennent alors de dures épreuves pour ces gens-là, qui se retrouvent souvent confinés dans un logement dont les espaces ne sont pas conçus pour les mouvements de la chaise roulante. La rééducation fonctionnelle traditionnelle ne suffit guère à les préparer à appréhender la vie courante avec un corps qui ne réagit plus au réflexe. C'est la triste réalité de milliers de personnes, qui rejoignent, chaque année en Algérie, le contingent des handicapés. L'établissement hospitalier spécialisé de Ben Aknoun a quelque peu innové en la matière. Avec le concours financier de Handicap International, il a aménagé, dans les locaux réservés au service de rééducation fonctionnelle, une cuisine et une salle de bains, équipées et adaptées aux personnes souffrant essentiellement d'un handicap moteur. L'ONG internationale a conçu et équipé l'espace, tandis que la direction de l'hôpital a fourni les accessoires (vaisselle, matériel de nettoyage… ). “Nous recevons généralement, dans cet espace de simulation de gestes de vie quotidienne, des femmes qui ont besoin de se re-familiariser avec les travaux domestiques”, explique Dr Hasna Boukhobza, médecin rééducateur. “Nous ciblons des patientes atteintes récemment d'un handicap physique. Elle suivent les séances classiques de rééducation, le temps qu'elles fassent le deuil de ce qui leur arrive, puis on entreprend d'améliorer leur autonomie, notamment en matière d'hygiène corporelle et d'habillage”, poursuit-elle. Il n'en demeure pas moins qu'à ce niveau-là, les besoins des malades ne se ressemblent pas automatiquement. La prise en charge doit être adaptée, de ce fait, aux spécificités et aux priorités de chaque cas. “On évalue les capacités de chaque patient, puis on se base sur les habitudes de la vie antérieure à l'évènement de santé pour mettre au point notre thérapie”, souligne Dr Boukhobza, qui insiste sur l'importance de cette étape dans la valorisation de la personne handicapée au regard de son entourage. En retour, les proches sont tenus de s'impliquer dans le processus en procédant à des réaménagements dans le domicile familial. “En clair, il s'agit de réduire les situations de handicap, en réadaptant l'environnement de la personne atteinte d'une invalidité”, ajoute notre interlocutrice. Pour l'heure, ce sont exclusivement des femmes, à dominance hémiplégiques, qui profitent de l'appartement thérapeutique. Elles réapprennent à faire leur toilette, à utiliser les ustensiles de cuisine, à préparer des repas, à faire le ménage… “Nous avons eu de très bons résultats”, assure le médecin rééducateur. Sauf que l'offre demeure nettement inférieure au volume de la demande. Depuis son ouverture en juin de l'année en cours, une vingtaine de patientes y ont été admises. Chacune à bénéficié d'une dizaine de séances. Le problème réside principalement dans l'inexistence d'une équipe affectée directement et à plein temps à cette opération. Ce sont les médecins rééducateurs et quelques kinésithérapeutes des unités conventionnelles du service de rééducation fonctionnelle de l'EHS qui officient aux séances organisées dans l'appartement thérapeutique. L'absence d'un ergothérapeute dans l'équipe crée, en outre, une lacune de taille dans la thérapie. D'aucuns regrettent, par ailleurs, qu'on n'ait pas pensé à ouvrir des ateliers de travaux manuels au profit des paraplégiques et hémiplégiques, aussi de sexe masculin. Peut-être que l'idée sera concrétisée dans les ultimes phases de la dynamique.