«Nous voulons que la plus grande partie de la production du projet Renault soit faite chez nous» a déclaré jeudi Mohamed Benmeradi. Deux pas en avant, un pas en arrière, le dossier «Renault» avance doucement. Un rythme qui n'est pas pour inquiéter la partie algérienne qui continue de faire des déclarations optimistes, alors que du côté du partenaire français, le ton est clair ou plutôt réaliste. «Le dossier est complexe», avait dit M.Jean-Pierre Raffarin. Jeudi dernier, M.Mohamed Benmeradi, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement a estimé que «les négociations entre l'Algérie et le constructeur automobile français Renault avancent très bien». Aucun accord par contre, ni engagement, ne seront paraphés lors de la visite de l'envoyé spécial du président français prévue les 30 et 31 mai. Une visite qui rentre dans le sillage du 4e round de négociations. Benmeradi avoue que le dossier est lourd mais revient pour rassurer que «rien ne coince avec Renault; ce genre de négociations demande au moins une année dans tous les pays du monde, mais c'est sûr que nous allons arriver à un accord dans les prochains mois», a-t-il déclaré à la presse en marge d'une séance plénière à l'APN. A défaut de signer un accord, l'Algérie qui semble vouloir accorder ce projet à Renault, souhaite quand même signer un «préaccord» en mai. Un souhait qui n'a pas, à en croire la sortie du ministre de l'Industrien, reçu «la bénédiction» du partenaire. «Nous avons commencé à travailler depuis trois mois. Sur le plan technique, le dossier avance bien, mais sans précipitation», poursuit le ministre. Après la signature du préaccord, les deux parties se pencheront sur sur un pacte des actionnaires, qui prendra trois ou quatre mois encore. Mais qu'est-ce qui coince dans les négociations entre les deux parties? le ministre, qui refuse de parler «d'entrave» avoue quand même un différend de fond. Alors que Renault souhaite réaliser une usine de montage, l'Algérie veut une voiture essentiellement algérienne. C'est-à-dire que la quasi-majorité des pièces soient fabriquées dans notre pays. La deuxième divergence tourne autour de la capacité de production.«Nous voulons que la plus grande partie de la production du projet Renault soit faite chez nous. Ce qui les (propriétaires de Renault) arrangerait peut-être c'est de faire une usine de montage, mais la valeur ajoutée serait, dans ce cas, minime», a-t-il expliqué. Il ajoutera que «c'est pour cela que nous avons insisté pour qu'une partie des équipements soit fabriquée en Algérie».En outre, l'Algérie a négocié la possibilité de construire 150.000 moteurs par an. Pour le moment, Renault n'a pas accepté, estimant que son usine ne peut être rentable qu'avec une production supérieure à 300.000 moteurs, a souligné M.Benmeradi ajoutant: «Les négociations sur ce sujet et sur les autres aspects, économique et commercial, continuent tout de même.» Le projet Renault porte, notamment sur la construction en Algérie de voitures de ce constructeur français, avec un taux d'intégration de plus de 50%. L'Algérie a mis en contact le constructeur français avec soixante-dix sous-traitants privés nationaux pour faire, entre autres, la câblerie et la sellerie. «Notre objectif est d'arriver à un taux d'intégration d'au moins 50%, c'est-à dire que 50% de la valeur du véhicule seront produits en Algérie», a encore précisé M.Benmeradi, pour qui un tel taux d'intégration était «un acquis». Cependant, les sous-traitants nationaux manquent de savoir-faire et travaillent sans le respect des normes et c'est pour cela que «nous sommes en train de les accompagner dans le processus de certification», a-t-il noté. Le projet de l'usine Renault en Algérie, dont le coût est estimé à «pas moins d'un milliard d'euros», doit permettre la création de 20.000 emplois directs et indirects, selon le ministre. L'autre volet sur lequel les négociations avancent bien est la fabrication des carrosseries des véhicules. «Nous avons demandé à fabriquer les coques des véhicules Renault en Algérie et notre demande a été acceptée», a-t-il dit. Interrogé sur la possibilité d'aller jusqu'à l'interdiction de l'importation des véhicules pour protéger la production automobile nationale, une fois née, M.Benmeradi a répondu qu'une telle mesure «n'était pas soutenable», sans écarter une «éventuelle protection douanière supplémentaire si cela s'avère utile». Sur la question de savoir si la règle des 51-49% relative à l'investissement étranger entravait les négociations avec Renault ou avec d'autres investisseurs, le ministre a affirmé que le contraire était vrai. «Nous avons réussi à conclure des accords importants dans le domaine de la mécanique avec des firmes allemandes comme Mercedes ou Liebherr, ce qui a encouragé d'autres entreprises européennes à accepter sereinement cette règle». Evoquant les autres dossiers de coopération algéro-française, qui devront être examinés lors du 4e round de négociations prévu les 30 et 31 mai à Alger avec l'envoyé spécial du président Sarkozy, M.Jean-Pierre Raffarin, le ministre a assuré que «sur douze dossiers concernés, huit sont totalement réglés».A titre d'exemple, le dossier de Alverre (Algérie-Verre), qui doit être cédé à un groupe français, «verra la signature d'un accord ces jours-ci», a-t-il dit. Pour ce qui est du projet du métro d'Alger, le ministre a réaffirmé qu'il sera livré dans les délais, c'est-à-dire le 31 octobre 2011. «Ce matin encore, la Régie des transports parisiens (RTP), qui gèrera le projet, a confirmé qu'il sera livré le 31 octobre comme convenu».