A la faveur des attentats du 11 septembre, les terroristes algériens lancent une vaste opération de recrutement dans des mosquées traditionnellement réputées acquises à la violence. A El-Harrach, des contacts ont été établis par des «agents islamistes» auprès des jeunes. Selon notre source, les terroristes optent pour «la tranche d'âge des 15-20 ans. Ce sont en général des jeunes en rupture de ban avec l'école, sans travail précis, et pour la plupart des prédélinquants, quand ils n'ont pas déjà tâté de la prison pour des délits plus ou moins graves». A Meftah, Khemis El-Khechna et Boudouaou, les recruteurs du Gia ciblent «des repentis et des jeunes fréquentant assidûment la mosquée. Avant de leur faire des propositions, le recruteur opère un test à partir de la position de sa proie par rapport aux attentats du 11 septembre.» Ensuite, on met en exergue la menace que «les Occidentaux et leurs alliés font peser sur l'Islam» et insistent sur «le devoir de chaque musulman d'aider les taliban confrontés à l'agression américaine». A aucun moment, il n'est question d'acte de violence en Algérie. Le recruteur se présente comme un musulman outré par le sort réservé à la Palestine, et définit l'Afghanistan des taliban comme «le dernier espoir du khalifat, qui a défait l'Union soviétique en 1989 et défie aujourd'hui les Etats-Unis au coeur de leur fief». En 1990-91, le même procédé avait été utilisé pour recruter des volontaires censés «se battre en Irak contre les mécréants qui avaient envahi un haut lieu saint de l'Islam». On avait même vu à l'époque Ali Benhadj, en tenue de combat, haranguer les foules sur l'Esplanade d'Afrique, exigeant du gouvernement «des armes pour les combattants de la foi.» Les halaqat ont repris dans certaines mosquées de la région de Blida et Médéa, animées par des agents proches du Gspc de Hattab avec le djihad comme thème de prédilection. Citant les ayate traditionnelles prônant «l'effort permanent sur soi» (djihad), les animateurs citent à profusion les fatwas des organisations terroristes égyptienne, afghane, indonésienne et pakistanaise. Dans ces mêmes pays, les organisations islamistes montent des manifestations populaires contre la coalition internationale à laquelle appellent les Etats-Unis, et menacent, en cas de frappe contre les taliban, de «s'attaquer aux intérêts américains partout dans le monde.» En Indonésie, alors que la présidente Megawati Sukarno Putri est en visite aux USA, la fédération des organisations islamiques organise un rassemblement massif au cours duquel les orateurs, faisant l'apologie de Ben Laden et des terroristes algériens (!), somment les Etats-Unis de «se tenir loin de l'Afghanistan, sous peine de voir leurs représentations à l'étranger sérieusement menacées,» et appellent le gouvernement à s'opposer à toute manoeuvre tendant à «porter atteinte aux musulmans, où que ce soit dans le monde». Dans l'effervescence générale que connaît la planète village depuis le 11 septembre, le terrorisme international réagit en lançant une opération de recrutement presque publique dans certains pays, et en élargissant ses actions à divers pays-cibles, précédemment considérés comme «des alliés objectifs du terrorisme international.» La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suède, pour l'Europe, «ont trahi le pacte en s'alliant aux Etats-Unis contre l'Islam,» selon une source proche de l'organisation internationale «Secours islamique», qui aurait été, selon des sources policières américaines, «fondée par Oussama Ben Laden pour ses besoins de communications, de collectes des fonds et de recrutement de moudjahidine». Les attentats qui ont ciblé, les Etats-Unis ont provoqué, en quelques heures, un renversement spectaculaire des positions, aussi bien officielles que dans les opinions publiques occidentales. Avec la démonstration du fait que «cela n'arrive pas qu'aux autres,» le terrorisme fait l'unanimité contre lui. En outre, ces attentats viennent inaugurer les nouvelles techniques de la guerre du XXIe siècle, mettant les pays des plus hautes technologies à la portée d'un «hyperterrorisme qui est destiné à frapper une hypernation».