Les hôpitaux de Annaba sans les blouses blanches et les services d'urgences sont au bord de l'asphyxie. La grève illimitée décidée, hier, lundi 16 mai, par les deux syndicats de la santé à savoir, le Snpsp et le Snpssp, a été suivie massivement par les médecins résidents et les praticiens, paralysant ainsi à 100% toutes les structures sanitaires de la wilaya de Annaba. Menace pour menace, les médecins ont mis à exécution la leur, et n'ont pas assuré le service minimum, répondant ainsi aux menaces proférées par le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, portant prélèvements des journées de grève sur salaires et poursuites judiciaires à l'encontre des grévistes. La crise se dessine à l'horizon, puisque les protestataires n'ont guère l'intention de céder. Le durcissement du bras de fer entre le département de la Santé et les médecins résidents ainsi que les praticiens, semble puiser sa force, non seulement de la détermination de leurs représentants syndicaux, mais aussi de leurs rangs, aussi soudés qu'un mur en béton. Une situation qui, en toute vraisemblance, met le premier responsable de la santé, face à un mur blanc, difficile à franchir, surtout que l'ensemble des grévistes tient à la satisfaction de la totalité de ses revendications. Les différentes déclarations de Djamel Ould Abbès, depuis le 7 mars, début du mouvement, n'ont pas été accueillies avec grand enthousiasme, aussi bien par les médecins résidents, que par les médecins en spécialisation. Les uns et les autres se sont accordés à dire que les propos du ministre quant à la prise en charge de leurs doléances, ont toujours été un colmatage, dans le but de gagner du temps. Par ailleurs, les protestataires se disent indignés par la dernière déclaration du ministre «qualifiant notre mouvement de récréation, ce qui est indigne d'un haut commis de l'Etat; même le président de la République, n'a jamais minimisé son respect à n'importe quel mouvement, et lui, avec ses dernières déclarations, c'est comme s'il s'adressait aux enfants dans une maternelle...», ont déclaré plusieurs médecins résidents et praticiens de l'hôpital Ibn Rochd de Annaba. Leurs confrères au sein d'autres structures sanitaires, à l'image de celle de l'hôpital Dorban, ont également réagi: «Les propos qu'il tient, n'ont rien à voir avec un homme de science d'une part, d'autre part, gérer un ministère de la Santé, est loin d'être comparable au ministère de la Solidarité, et nous, nous ne demandons pas une prise en charge dans le cadre de la solidarité...nous demandons tout simplement à être considérés dans le cadre d'un vrai statut...» Dans un autre contexte, la colère des hommes sans blouse blanche est montée d'un cran, pour évoquer les intérêts que le ministre avait évoqués dans ses interventions: «Il parle d'intérêts, nous lui demandons des éclaircissements sur ces intérêts, qu'il essaye de coller à notre mouvement pour le casser...», a déclaré Abledjaoued F., médecin résident, avant d'ajouter: «Au lieu de cacher l'incapacité de gérer un tel département, en usant d'accusations non fondées, il est préférable de prendre sérieusement et concrètement mos revendications en charge...» C'est ce qu'ont déclaré des dizaines de protestataires, qui ont montré d'un doigt accusateur, le premier responsable du ministère de la Santé, Djamel Ould Abbès. Ce dernier, rappelons-le, avait menacé de prendre des mesures à l'encontre des grévistes, à commencer par des retenues sur salaires, comme une première mesure, puis recourir à la justice, si cela était nécessaire. Les milliers de grèviste à travers le territoire national ne semblent pas craindre les menaces de leur tutelle, du moins les quelques centaines d'hommes et femmes en blouse blanche à Annaba. Puisque, en dépit de toutes ces menaces, les futurs médecins sont toujours déterminés à mener leur mouvement jusqu'au bout, depuis le débrayage illimité, jusqu'à la grève de la faim en passant par le suicide collectif. Des moyens, estiment les grévistes, assez suffisants pour attirer l'attention des hautes sphères de l'Etat, notamment après le dialogue rompu avec le ministre, qui «prétend le contraire». Pour l'heure, le secteur de la santé, à Annaba, est aux abonnés absents, avec 0% de ser-vice minimum, et les services des urgences sont au bord de l'asphyxie, en l'absence des blouses blanches.