La lutte contre le terrorisme au Sahel doit reposer sur les efforts nationaux et régionaux des pays membres du Comité d'état-major opérationnel. Les ministres des Affaires étrangères, du Mali, du Niger, de Mauritanie et d'Algérie se rencontreront vendredi prochain à Bamako, a déclaré le chef de la diplomatie malienne, Soumeylou Boue Maïga. Cette rencontre sera, selon lui, une occasion pour les pays membres du Comité d'état-major opérationnel, (Cemoc), d'aborder les différentes questions liées à la sécurité dans la bande sahélienne. Une région, dit-il, où Aqmi constitue, aujourd'hui, l'une des menaces pesant lourdement sur la sécurité de la région. A signaler que cette réunion des chefs des diplomaties des pays membres du Cemoc au Mali a été préparée par les précédentes visites de Soumeylou Boue Maïga à Alger, Nouakchott et Niamey. Le ministre malien s'est également rendu à Paris, où il a rencontré son homologue français Alain Juppé. Lors de cette rencontre à l'Elysée, le chef de la diplomatie malienne a fait savoir, il est utile de le noter, que la lutte contre Aqmi concerne d'abord les pays de Sahel. «La lutte contre le terrorisme au Sahel doit reposer sur les efforts nationaux et régionaux», a déclaré Soumeylou Boue Maïga à la Radio France internationale, estimant, en outre, que la position de l'Algérie comme celle du Mali d'ailleurs, sont catégoriques et hostiles à toute présence extra-régionale, qui pourrait alimenter la mobilisation de tous ceux qui veulent transformer la région de Sahel en zone de combat permanent. La situation au Sahel suscite donc des inquiétudes légitimes qui sont, plus que jamais, formulées et débattues par les Etats de la région, notamment par l'Algérie et le Mali, lors de des réunions des 28 et 29 avril dernier à Bamako, regroupant les chefs des armées du Mali, du Niger, de la Mauritanie et de l'Algérie. Ces pays du Sahel s'étaient, rappelle-t-on, inquiétés de l'impact du conflit en Libye dans le Sahel, estimant, par conséquent qu'«il existait un risque réel de déstabilisation de toute la région». «Les événements de Libye accroissent le potentiel de violence dans la région: nous avons enregistré sur notre territoire un afflux d'armes lourdes volées dans les arsenaux libyens», a affirmé le chef de la diplomatie malienne à partir de Paris, lors de sa rencontre avec son homologue français Alain Juppé. Et d'ajouter: «L'insurrection armée, qui a éclaté en février contre le régime du colonel Kadhafi, a réussi à s'équiper, en prenant des dépôts de munitions du pays». dans le même ordre d'idées, le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci a déclaré, dans une interview à L'Expression (édition du 03/04/11) que les troubles que connaît la Libye pourraient être exploités par les terroristes dans la région du Sahel. «Il y a une circulation d'armes extrêmement importante sur le territoire libyen et notre crainte est que ces armes ne soient utilisées à des fins qui ne soient pas libyennes mais qui pourraient être exploitées par des groupes terroristes au niveau de la région du Sahel», a-t-il fait savoir. Par ailleurs, il faut dire qu'au cours des précédentes rencontres à Bamako, les pays membres du Cemoc n'avaient pas pour seul objectif de débattre les questions inhérentes à la lutte contre l'organisation terroriste (Aqmi) et le crime organisé, mais également pour se concerter en vue d'élaborer une politique commune face aux visées non déclarées de certaines puissances occidentales. Les puissances occidentales veulent entretenir l'anarchie et le climat d'insécurité au Sahel, un prétexte leur permettant, selon bon nombre de spécialistes, d'envisager des interventions militaires. «L'objectif des puissances occidentales dans le Sahel est, sans risque de se tromper, de replonger et installer le chaos et le désordre dans cette région déjà rongée par une insécurité chronique et reconquérir, ensuite, militairement s'il le faut, les territoires faisant jadis partie des anciennes colonies africaines», a fait remarquer l'ex-général-major algérien, Abdelaziz Medjahed. Depuis l'éclatement de la crise libyenne, l'ex-général-major a soutenu que les groupes terroristes affiliés à l'organisation Aqmi profitent des troubles en Libye pour obtenir des armes sophistiquées et accroître leur influence dans la région. Et de poursuivre que l'intervention militaire des pays occidentaux en Libye a fourni, malheureusement, un prétexte à Aqmi pour légitimer ses opérations dans les pays du Sahel. Dans ce contexte, il convient de rappeler également la déclaration du chef d'état-major de l'ANP, le général-major Gaïd Salah, à Bamako qui a souligné: «Il faut se préparer pour faire face aux différents dangers potentiels».