«Le discours d'Obama ne reflète pas les positions des Etats-Unis à l'égard des révolutions dans le Monde arabe sur le terrain.» Le discours de Barack Obama, destiné exclusivement aux pays arabes, n'a pas suscité le même enthousiasme auprès des observateurs de la scène politique nationale, que celui du Caire, en 2004. «Le discours de Barack Obama, la politique américaine répond à la politique du deux poids, deux mesures», a estimé le Pr Abd El Kader Mahmoudi, enseignant des sciences politiques et relations internationales à l'Université d'Alger expliquant cela par «la position officielle et ferme des Etats-Unis dans ses engagements à l'égard des révoltes se déroulant dans le Monde arabe». Selon cet enseignant, fin observateur de la politique américaine, «le discours d'Obama ne reflète pas, en partie, ce que font aujourd'hui les Etats-Unis, au regard de ses positions vis-à-vis des révolutions dans le Monde arabe». Il note, non sans une grande interrogation, le fait que «les Américains sont foncièrement engagés dans leurs positions à l'encontre de certains dirigeants arabes, alors qu'ils se sont montrés solidaires avec d'autres». De son côté, le Pr M'hend Berkouk, directeur du Centre des recherches stratégiques et sécuritaires, a fait remarquer que les priorités et les objectifs des Etats-Unis, ne sont pas énoncés dans le discours, mais sont réalisés sur le terrain. «Les intérêts, la sécurité d'Israël, et le pétrole sont les éléments fondamentaux, qui déterminent la politique de l'administration américaine», a-t-il relevé. «Ayant senti les menaces visant leurs intérêts stratégiques dans le Monde arabe, les Américains ont décidé de prendre la tête d'une contre-révolution pour étouffer le mouvement de contestation et d'émancipation et protéger leurs principales forteresses au Proche-Orient», soutenant que les évènements du Bahreïn constituent la preuve flagrante de la détermination de Washington à bloquer l'élan des révolutions pour atteindre leur objectif. Et de crainte que les révolutions arabes minent leur hégémonie sur les ressources pétrolières, Washington a assuré une forte couverture à l'occupation de ce pays par les forces du «Bouclier de la péninsule», essentiellement, composées de troupes saoudiennes, et n'a émis que de faibles et évasives condamnations lorsque les forces militaires ont écrasé dans le sang la révolte populaire pacifique, a-t-il fait savoir. Dans le même sillage, le Dr Salah Mouhoubi, enseignant à l'Institut de la diplomatie à Alger, a qualifié le discours d'Obama, de cachant mal les desseins et les positions effectives de l'administration américaine dans son engagement avec les peuples arabes révoltés contre leurs régimes honnis. Selon lui, la position américaine en Libye en est un exemple édifiant. «Les Etats-Unis ont laissé le temps au colonel Mouamar El Gueddafi de reprendre l'initiative militaire sur le terrain afin d'améliorer sa position politique avec l'aide manifeste d'Israël, avant de décider d'instaurer une zone d'exclusion aérienne», a-t-il soutenu. Alors que M'hend Berkouk a souligné que «Washington a attendu à ce que les rebelles soient très affaiblis pour intervenir et imposer ses conditions et tenter de les contrôler sous prétexte de vouloir les armer et les entraîner». Par ailleurs, il a relevé dans le récent discours du président Obama que la question palestinienne reprend sa case de départ. «Il n'y a rien de nouveau concernant cette question qui, pourtant, focalise l'intérêt de toute la nation arabe», a encore regretté M.Berkouk.