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Rapsodie pour le Maître
HOMMAGE À CHERIF KHEDDAM
Publié dans L'Expression le 24 - 05 - 2011

Sur les cordes de son luth, les hirondelles ont ciselé des mélodies dédiées au printemps éternel de l'art.
Une symphonie qui dure depuis plus de 50 ans. Chérif Kheddam l'écrit sur la partition du temps. «Au fonds berbère ancestral, il a adjoint les apports oriental et universel. Il a été, avant l'explosion de la nouvelle chanson kabyle des années 1970 avec, notamment Idir, Djamel Allam et Ferhat Imazighen Imoula, le véritable vivificateur de cette chanson (kabyle)», témoigne Tahar Djaout, dans son article Chérif Kheddam, un artisan du renouveau, paru dans le n°3 de l'hebdomadaire Ruptures (dont il fut le fondateur et le directeur de publication), du 27 janvier au 2 février 1993.
L'auteur des Chercheurs d'os est épris de la musique raffinée du Maître. L'orfèvre est un innovateur. Il a libéré la chanson kabyle des modes de composition sclérosés. Sur les cordes de son luth, les hirondelles ont ciselé des mélodies dédiées au printemps éternel de l'art. Pourtant, rien...ou presque, ne le destinait à cette odyssée à travers l'espace infini de la musique.
Dda Chérif voit le jour en 1927, au village de Boumessaoud, dans la commune d'Iferhounène, sise à une dizaine de kilomètres de Aïn El Hammam, wilaya de Tizi Ouzou. Ses yeux s'ouvrent sur un monde où la tradition rigoureuse fait loi.
Son père n'est autre que l'imam de son village. Il voyait en lui son digne successeur, celui qui allait perpétuer le nom de la famille avec tout ce que cela charrie comme responsabilités. Sur les hauteurs du Djurdjura, on apprend à affronter la vie dès la prime enfance. Et l'éducation de Chérif ne déroge pas à la règle. Très jeune, il entre dans la zaouiya (confrérie) de Boudjellil, dans la vallée de la Soummam, à Béjaïa. Il est, alors, initié à l'enseignement de la Tariqa Rahmania (le rite islamique de la Rahmania, le plus répandu en Kabylie). Il apprend à psalmodier le Coran, la rigueur, la discipline, l'ascétisme. Il apprend, aussi, à se transcender pour s'élever au-delà des obstacles que la vie oppose à tout être humain qui, dans sa condition, doit se battre comme un chevalier n'ayant aucunement peur de l'adversité. Les années passent. Chérif grandit. Il part à la découverte de nouveaux horizons. Eloigné de sa famille, il découvre Alger dans la douleur. C'est alors que son exil commence...
Le jeune montagnard découvre la vie citadine dans les ténèbres de la solitude. La partition de son quotidien se déroule au rythme de peines, de joies éphémères. Son quotidien s'écrit sur les murs tristes des hôtels qu'il fréquente. Il coule comme une larme dans les ruelles d'Alger, sous l'occupation coloniale. Cette larme embrasse, parfois, la lumière du soleil. Naissent, alors, les couleurs de l'arc- en-ciel annonçant l'avènement d'un printemps dont le jeune Chérif ne soupçonne pas, jusque-là, l'existence.
La transe musicale le prend en 1947, quand il débarque en France. Il est dans la banlieue nord de Paris. Il travaille dans une fonderie. Comment est-il venu à la musique? Laissons le Maître raconter «...En dehors de mon travail d'ouvrier, je m'intéressais beaucoup aux spectacles. Même l'opéra me plaisait, ce qui était rare pour un ouvrier», révèle-t-il dans un entretien accordé au magazine Wach, dans son numéro spécial sur Chérif Kheddam, intitulé: La légende, paru à l'occasion de ses 50 ans de carrière. Un souvenir particulier lui revient à l'esprit: «Je me rappelle avoir assisté à l'époque à une opérette allemande! C'est ainsi que la musique a occupé sérieusement mon esprit et tout mon temps». Il constitue un groupe. Des amis et lui chantaient du kabyle, de l'oriental. Ils prennent plaisir à se produire. Le plus frappant est que le jeune Chérif ne joue encore d'aucun instrument. Il est seulement vocaliste. Leur aventure prend fin quand se déclenche la guerre de Libération nationale, en 1954. C'est ainsi qu'il entame une carrière en solo, sans que pour autant sa plume prenne possession du verbe. Comme une confession à son âme, il écrit sa première chanson (A Yellis n'tmourtiw (fille de mon pays). Presque à son corps défendant, cette chanson le propulse au-devant de la scène artistique algérienne. En juillet 1955, il fait éditer 114 disques 78 tours de cette chanson «dont la plupart a été distribuée dans des cafés par mes amis», se souvient le Maître. Quelques mois après, il se rend chez Mme Sauviat à Barbès, spécialisée dans la musique maghrébine et orientale. A sa grande surprise, elle lui apprend qu'elle a entendu une chanson, introuvable sur le marché. Cette chanson est intitulée...A Yellis n'tmourtiw. Or, c'est sa chanson! A son tour, Mme Sauviat est surprise. Elle lui propose de se présenter chez Pathé Marconi. Il y est reçu par Hachelaf Sid Ahmed, directeur artistique pour le Maghreb et le Moyen-Orient. Commence, alors, un voyage où le jeune auteur-compositeur et chanteur fait la connaissance des maîtres de la chanson de l'époque: tels Mohammed El Jamoussi chanteur-compositeur tunisien et Amar Missoum, chanteur, compositeur algérien. Dans la foulée, Chérif Kheddam étudie le solfège, le chant, le piano. Il suit des cours particuliers sur l'harmonie chez le grand Fernand Lamy, maître du grand chef d'orchestre Roberto Benzi. La symphonie musicale de Chérif Kheddam est jalonnée de chefs-d'oeuvre qui ne sont plus à présenter. Au 57e anniversaire de la Révolution, Chérif Kheddam a célébré ses 50 ans d'une carrière dédiée à l'amour du pays, de la femme, de la terre natale. Une carrière où le Maître a offert au printemps de la chanson algérienne des noms illustres, à l'instar de Nouara, Idir, Ferhat Imazighen et autres. Les figures de proue de la musique algérienne lui ont rendu l'hommage qui lui sied à la Coupole, sur les hauteurs d'Alger, le 1er novembre de l'année dernière. «Celui qui a été l'enfant remuant de la chanson kabyle ne saurait se retirer sur la pointe des pieds», a écrit Tahar Djaout, à propos de Chérif Kheddam. A tout seigneur, tout honneur...


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