Le groupe Cevital détient entre 60 et 70% des parts de marché dans l'huile et le sucre. Benbada est-il au courant de cette réalité? Avec qui jouez-vous M.Benbada? Des deux choses l'une: ou bien notre ministre du Commerce, Mustapha Benbada, est sourd ou alors il fait le jeu des lobbies. Sinon, comment expliquer sa déclaration à la presse, jeudi dernier, dans les coulisses de l'APN, en marge de la séance plénière consacré aux questions orales? Déclaration a contrario de celle de M.Issaad Rebrab qui a annoncé, lors d'une conférence de presse à Alger le 8 janvier dernier, un taux de 60 à 70% des parts de marché dans l'huile et le sucre, détenues par son groupe Cevital. A-t-il la mémoire courte à ce point? Va-t-il falloir alors la rafraîchir? Evoquant justement la position de monopole sur le marché du sucre et de l'huile, Benbada a indiqué que «pour considérer un opérateur dans une situation de monopole, il faut qu'il détienne un taux de 40% du marché. Mais à l'état actuel, aucun opérateur ne détient ce taux», a-t-il précisé. Occulte-t-il les déclarations de l'opérateur qui donne des chiffres beaucoup plus importants? Les événements ayant pris naissance le 5 janvier dernier ont failli mettre le feu au pays et l'APN est en train d'enquêter sur le sujet, mais le ministre commence déjà à distiller ce qui devrait, peut-être, devenir les conclusions orientées des députés dans le seul but de blanchir un opérateur, au mépris de l'obligation de réserve. En prenant position sur le dossier, il ne fait qu'empiéter sur l'obligation de réserve à laquelle il est tenu, en attendant les résultats de l'enquête pour que ses membres ne se trouvent pas sous influence d'un membre du gouvernement. Concernant ces deux denrées (sucre et huile), le ministre a rappelé que les offices publics ont pris leurs dispositions afin de pouvoir assurer la disponibilité de ces produits. Benbada a parlé de la mise en place d'un conseil de la concurrence qui sera opérationnel d'ici la fin 2011. Ce conseil sera chargé de la régulation des activités commerciales au niveau du marché national. Pour aller dans le sens de la régulation du marché, Benbada promet de réactiver le conseil et de créer un observatoire qui aura pour mission le suivi de l'évolution du marché mondial. L'Algérie est importatrice de certains produits de base tels les céréales et le lait, les viandes et autres, et la création d'un observatoire vise à suivre de manière régulière le mouvement des prix au niveau du marché, a-t-il affirmé, notamment boursier. Par ailleurs, le ministre du Commerce a préconisé l'amélioration de la relation entre les producteurs et les distributeurs pour la maîtrise des capacités de stockage, tout en impliquant les entreprises publiques dans la politique de régulation et de distribution des produits de large consommation. Il a aussi affirmé que toutes les mesures ont été prises afin d'assurer la disponibilité des produits alimentaires et pour éviter la hausse des prix pendant le mois de Ramadhan. «Nous avons pris toutes les mesures nécessaires, afin d'approvisionner le marché pendant le mois de Ramadhan, tout en renforçant le contrôle», a souligné Benbada en marge de la séance plénière de l'APN. Le ministre a précisé que les expériences passées ont étés prises en considération, afin de répondre aux besoins du marché de la consommation, en qualité et quantité. Benbada a par ailleurs, fustigé certains commerçants avides de gain facile. «C'est toujours les commerçants avides de gain qui influent sur les marchés et les augmentations de prix», a-t-il ajouté. Un vaste programme a été élaboré en coordination avec le ministère de l'Agriculture et du Développement rural visant l'approvisionnement du marché de manière régulière grâce à un système de stockage d'importantes quantités de viande, de lait et légumes qui seront mis sur le marché en cas de besoin. Des rencontres et des actions de sensibilisation seront organisées au mois de juin avec des opérateurs privés pour l'examen des moyens d'approvisionnement du marché dans les meilleures conditions. Le ministre du Commerce a imputé les pénuries de certains produits, comme la farine, aux trafiquants qui les «exportent» via les frontières. «Nous avons toujours été solidaires des peuples voisins. Mais l'aide doit se faire dans un cadre légal», a rappelé le ministre.